Trop d’infos… je suis rincé !

Avant cette pandémie j’étais un peu accroc à l’info mais ce Covid-19 a indéniablement cassé un ressort. Je me suis même souvenu du temps où, dès potron-minet, je me rendais chez mon marchand de journaux pour acheter mon quotidien. Et puis depuis quelques semaines, je me détache de tout cela sans bien entendu me tenir à l’écart de ce qu’il se passe dans mon pays et dans les autres.
Dans mon pays, la raison est qu’une noble profession a muté et que ceux qui l’exercent, en se délectant de sensationnel, m’ont éloigné au point de me faire dire que je suis rincé de ce trop-plein d’informations. Les journalistes sont devenus des animateurs en même temps que les humoristes sont devenus des « déconneurs ».
On organise savamment le ballet des infectiologues, des virologues, des épidémiologistes quand il s’agit du Covid-19 et l’info se transforme en bataille d’experts et querelles de clochers.
On va jusqu’à vouloir décrypter pour nous ce que le Président de la République pourrait dire le lendemain, on croit rêver.
Les chaînes d’infos en boucle sont insupportables et si c’est pour les regarder de midi à minuit, j’aspire cette fois-ci au repos.
Pour ce qui est des politiques, et bien entendu au-delà de toute considération personnelle, quand le rétro-pantouflage et les récompenses pour les camarades de promotion deviennent la règle, quand les politiques ruminent leur avenir et ne sont plus que la représentation d’eux-mêmes, alors il ne me sied plus qu’on m’en informe.
Bref après l’info, le flash info et le fil info, j’en ai marre.
Mais ce n’est pas tout. Avant tout cela il y a la météo pour ajouter un peu de piment à un JT de 20h. La météo avant, la météo pendant, la météo après, comme si les prévisions météorologiques pouvaient changer en une demi-heure. Et là on aura le droit à tout, les départements qui passent en vigilance orange parce qu’il va pleuvoir abondamment, ceux qui passent au rouge parce que bison futé lui ne part jamais en vacances, et puis qui pourrait me reprocher de me soucier comme d’une guigne du temps qu’il fera le lendemain en soirée à Mayotte ou à Wallis et Futuna.
Les faits divers, eux, me gavent, je préfère les laisser croupir dans les magazines datés au carbone 14, lesquels reposent en paix dans les salles d’attente des médecins et des dentistes.
Hors de mon pays, j’essaie de m’intéresser au monde, j’ai donc découvert un Bolsonaro imprévisible, un Trump qu’on ne présente plus, une Chine qui nous a fait découvrir l’histoire de la chauve-souris et du pangolin pour nous proposer un bal masqué en tournée mondiale, j’en passe et des meilleures.
Quant au duel israélo-israélien où un Benjamin pouvait en cacher un autre, c’est le pompon. Le premier ministre Netanyahou ne jurait que par l’inexpérience politique de Gantz quand ce dernier promettait  de voir le premier ministre embastillé au plus tôt. Finalement, Netanyahou reste premier ministre et Gantz devient vice-premier ministre. L’électeur se retrouve Gros-Jean comme devant, il est cocufié, roulé dans la farine après Pessah, et ce petit arrangement entre amis qui ne semble pas très casher laisse croire que finalement ils étaient copains comme cochons.
En conclusion, l’info à ce stade m’indiffère de plus en plus mais la vie est courte et il me faut rester optimiste.
Un jour peut-être je connaîtrai des moments où je serai honnêtement informé, où les journalistes, mais il y a bien sûr des exceptions, ne seront plus à leur indispensable profession ce que le fast-food est à la gastronomie, la bande dessinée à la littérature, le sex-shop à l’amour.
J’attends impatiemment ce jour où la vérité sera un cœur de métier.
Je n’ose imaginer un seul instant que ce jour arrivera quand chaque belle-mère aura de l’affection pour son gendre ou quand les poules auront des dents.