Billet : Je n’arrive pas à comprendre

Par Alain Kaminski

Il faudrait être malvoyant ou malentendant pour échapper ces dernières semaines aux discours d’un certain Eric Zemmour que les médias s’arrachent tel un produit saisonnier.
Je ne m’engagerai certainement pas dans une joute politique mais je me cantonnerai à trouver les mots juste et parfait pour tenter de comprendre un homme qui se refuse de faire un pas de côté, à la faveur d’affirmations dogmatiques.
J’avoue que je n’arrive pas à le comprendre, pas le moindre instant.
Parler de politique sans faire de politique est un exercice d’équilibriste mais garder le silence quand il est dit que Pétain a sauvé des juifs m’eut été insupportable.
Ce que l’on attend d’un homme rêvant de la magistrature suprême, c’est d’être l’artisan infatigable d’une Humanité plus éclairée. Un rêve que celui-ci nous transformerait en cauchemar.
Pour l’heure, cet homme est dangereux.
Certes, son désir de postérité ne semble pas assombrir son existence car il est « à la mode » mais espérons qu’il ne tardera pas à endosser le costume de l’abjection. Cet intermittent de ce spectacle désolant ne choque pas seulement une majeure partie -majeure heureusement- de la société française qu’il cherche à lézarder mais il porte gravement atteinte aux valeurs républicaines auxquelles nous sommes tant attachés.
Nous, juifs originaires de régions différentes, pratiquants ou non, de convictions politiques diverses et variées, comment pourrions-nous accepter d’entendre des discours haineux, des propos fallacieux et des promesses captieuses ? Qui parmi nous pourrait s’énamourer de ses exhortations et sur ses lèvres se forger des convictions ?
Quelles réponses pourrions-nous lui apporter, quels mots pourrions-nous lui dire pour que, dans notre pays, nos cœurs doivent se rapprocher en même temps que nos mains ?
Finalement, je crois avoir trouvé une réponse, elle vaut ce qu’elle vaut, et qui répondrait parfaitement à ce que préconise ce polémiste, défenseur de Pétain par médias interposés.
Dans quelques mois, je serai grand-père pour la troisième fois. Je pense que ma fille Sarah choisira librement pour son enfant un joli prénom, peut-être celui d’un membre de sa famille que Pétain n’avait jadis pas sauvé.