Champ libre : A 22 jours près… film documentaire

Par Catherine Tullat et Michel Roszewitch

Notre secrétaire Michel Roszewitch et sa cousine notre sociétaire Catherine Tullat, réalisatrice de documentaires, travaillent actuellement sur un film dédié à la mémoire de leur grand-père Joseph Cohen, une histoire bouleversante qui est aussi l’occasion de découvrir l’Histoire des juifs de Turquie en France durant l’entre deux guerres et l’issue inéluctable de leur immigration sur le vieux continent.
Michel et Catherine sont à la recherche de financement pour la production de leur film, si vous souhaitez y participer contactez-les par le formulaire situé en bas de cette page.

Joseph Cohen devant sa boutique dans le 11ème arrondissement de Paris

A 22 jours près…

« Le 20 août 1941 aurait pu être un malentendu ».

Cette phrase a été le déclencheur de : À 22 jours près… qui retrace le destin de Joseph Cohen, considéré comme juif en Turquie, turc à l’étranger et apatride sous Vichy.

Joseph Cohen quitte la Turquie en 1923 avec sa famille et s’installe à Paris dans le 11ème arrondissement où vit une importante communauté judéo espagnole. Ce quartier constitue un pôle d’attraction pour les immigrants de l’Empire ottoman. Il se situe entre la place Voltaire, la rue de la Roquette et la rue Sedaine. Au 74 se trouve le café restaurant « le Bosphore » où  les nouveaux arrivants y trouvent l’entraide, le travail, ils y traitent aussi des affaires. L’épicentre étant la synagogue au 7 rue Popincourt. Ils étaient artisans et commerçants, souvent spécialisés dans la lingerie, bonneterie, blanc et linge de maison, mais aussi dans l’alimentation.

L’orient était à chaque coin de rue de ce quartier qu’on surnommait « la little Istanbul ». Joseph tenait une échoppe de cordonnerie rue Richard Lenoir. La Turquie était au centre de leur vie : ils mangeaient turc, écoutaient de la musique turque, tous leurs amis étaient turcs.

L’histoire de Joseph et de sa famille, d’Istanbul à Paris est riche en anecdotes pleines d’humour et de fantaisie avant le 20 aout 1941, date où Joseph et nombre de ses amis ont été arrêtés et envoyés à Drancy qui venait d’ouvrir. La suite de son histoire est relatée dans ses nombreuses lettres écrites à sa femme de Drancy et par de nombreux témoignages de rescapés et d’historiens.

En octobre 1942, Joseph est déporté à Auschwitz 3 (Blechhammer). Il survit à la marche de la mort, mais meurt du Typhus 22 jours avant la libération des camps. Sa famille est restée 63 ans sans connaître son sort après sa déportation.

Aujourd’hui « La little Istanbul » revit de ses cendres grâce à des associations comme AL SYETE (Association de défense du patrimoine judéo turc du 11ème) qui perpétue la culture judéo espagnole en organisant des manifestations, des rencontres, des visites du 11ème arrondissement pour faire revivre cet esprit et cette culture. MUESTROS DEZAPARESIDOS (Nous les disparus) a pris ses quartiers au 7 rue Popincourt, à l’endroit où se trouvait l’ancienne synagogue. Elle recense les déportés judéo espagnols pour que la mémoire perdure.