Télé : Le Club, sur Netflix

Par Michel Roszewitch

On connait mal la vie des judéo-espagnols qui vivent encore en Turquie, après avoir constitué une communauté prospère et importante, principalement installée à Istanbul et Izmir. Ils se sont installés après l’expulsion des juifs d’Espagne, en 1492 et pratiquent toujours cette langue espagnole (parfois appelée Ladino), si caractéristique de cette époque, qui nous a été ramenée par les émigrants fuyant la Turquie pendant tout le 20 è siècle, fuyant les diverses persécutions et s’installant entre autres en Amérique du nord et du sud, France et Israël.

Cette langue m’a bercé depuis mon enfance pour devenir une seconde langue maternelle grâce à ma grand-mère Zimbul et ses amies du 11è arrondissement, autour de la place Voltaire.

Cette série turque, réalisée par Zeynep Günay Tan, est diffusée actuellement sur Netflix, et offre un portrait des juifs turcs qui brise les tabous et donne une vision nuancée de la vie et des coutumes juives locales, dépassant enfin les stéréotypes typiques des productions locales.

Gökçe Bahadir dans le rôle de Matilda Aseo dans The Club. (Crédit : Mehmet Ali Gök/Netflix/ via JTA)

Près de la moitié de la population juive turque a quitté le pays entre 1948 et 1951, après la création de l’État d’Israël. Le pogrom d’Istanbul de 1955, qui visait principalement la population grecque mais touchait également les juifs et les Arméniens, a également poussé des milliers d’autres personnes à émigrer. Il reste aujourd’hui 26000 juifs en Turquie, pour la plupart à Istanbul. Les bonnes relations entre Ankara et Jérusalem, les deux seules démocraties de la région et toutes les deux fidèles alliées de Washington, permettent à cette communauté, la seule importante encore installée dans un pays musulman, de vivre sans problèmes majeurs. Les derniers juifs de Turquie n’en restent pas moins préoccupés par la montée de l’islamisme radical dans le pays.

Avant cette série on représentait en Turquie une image uniforme et généralisée du juif pour les personnes vivant en Turquie, en utilisant tous les préjugés antisémites connus. En revanche, The Club présente ses personnages juifs, riches et pauvres, sous un jour plutôt sympathique.
Cette série a eu un retentissement important en Turquie même, par sa présentation de la vie d’une minorité peu connue hors de la communauté. Espérons qu’elle permettra de changer le regard des turcs musulmans vers les juifs qui vivent parmi eux.

Pour aller plus loin, deux critiques intéressante à lire :
http://www.slate.fr/story/222176/the-club-serie-netflix-sort-persecution-juifs-turquie
https://fr.timesofisrael.com/la-serie-netflix-the-club-offre-un-portrait-des-juifs-turcs-qui-brise-les-tabous/