Billet : Il ne sortira plus de sa tanière

Par Alain Kaminski

Ne nous laissons pas bercer par l’indifférence. Sinon, que retiendra l’Histoire ?
Cette guerre en Ukraine entrera bientôt dans son cinquième mois, la Russie avait bel et bien  l’intention de rayer l’Ukraine de la carte. C’est bien ce qu’il se tramait dans la tête d’un dictateur, probablement malade, qui rêvait de redevenir le tsar de toutes les Russies. Mais nous ne sommes plus au XVème siècle à l’époque où le grand-prince Ivan III, après sa victoire sur les Tatars et la Crimée, s’autoproclamait l’héritier de l’Empire Romain d’Orient.
Et pourtant, Vladimir avait bien rêvé de chasser sur les terres d’Ukraine… pour en chasser Volodymyr. Il n’a pas hésité un seul instant pour envoyer ses hordes de soldats livrés à eux-mêmes, piller, violer, martyriser un peuple qui n’aspirait qu’à rejoindre une union européenne métamorphosée en un espace de concorde et de fraternité. Mais pour l’heure, le tsar, dans ses délires, a perdu la raison. Cependant il mord la poussière là où il voulait s’installer, à Kiev.
Tel un ingénieur qui aurait voulu passer de la conception au matériau sans passer par le dimensionnement, il ne lui reste plus qu’à morceler, à miter le territoire ukrainien et cela conduit, hélas, à une guerre effroyable. En même temps, les médias occidentaux rapportent les informations mais après plus de quatre mois de conflit, l’audimat fait preuve de lassitude pendant que l’on continue à tuer, à terroriser des hommes, des femmes et des enfants.
Quelle tristesse n’ai-je pas éprouvé quand un commentateur d’une chaîne d’infos en continu, évoquant la mort d’un journaliste français, fut interrompu pour suivre en direct une balle de match de Rafael Nadal. C’est notre époque qui veut cela. Il ne faut pas mourir pendant Roland-Garros ou le jour de la proclamation du palmarès du Festival de Cannes et surtout pas pendant les festivités du jubilé de la reine d’Angleterre. D’autres mourront pendant le Tour de France dans l’indifférence générale. D’autres encore dérangeront parce qu’il n’y a plus d’huile de tournesol dans les rayons des supermarchés.
Pendant ce temps, un fou furieux nous rappelle que la Russie n’a jamais été une nation et qu’elle s’est toujours voulu être un Empire. Le dictateur ne sortira plus de sa tanière sinon pour prendre une tasse de thé noir en Biélorussie ou en Corée du Nord.
La Cour pénale internationale le cueillera à n’importe quelle descente d’avion pour le placer face à ses responsabilités, ses crimes de guerre, lui et sa soldatesque.
C’est à ce moment-là qu’on lui fera rendre gorge, c’est à ce moment-là qu’il faudra rendre au tsar ce qui appartient au tsar, sa culpabilité.