Portrait : Maurice Huberman (1921-2009)

Par les familles Huberman, Kaminski, Thibault-Guechpentz, ses proches

Mendel Huberman naquit à Varsovie le 18 septembre 1921. Il avait une sœur cadette, Chaja, née en janvier 1923.
Ils quittèrent la Pologne avec leur mère, Hanna en avril 1923 pour rejoindre leur père, Haïm Huberman à Paris. Mendel avait deux ans, sa petite sœur était un bébé.
Sa jeunesse fut paisible mais il quitte l’école à l’âge de 14 ans pour aider son père, il apprit ainsi le métier de tailleur qu’il exercera jusqu’en 1940.

En cette même année 40, il était invité à un mariage et c’est là qu’il rencontrera celle qui sera plus tard son épouse, Dora Uszerowicz. Mais les évènements, le début de la guerre, vont les séparer momentanément.
A l’exode de 1940, il part avec son père pour Toulouse rejoindre des amis, sa mère et sa sœur restant à Paris dans leur appartement du boulevard Beaumarchais, croyant fermement que les femmes ne seraient pas inquiétées.
En juillet 40,  à la demande de Hanna sa mère, ils rentrent à Paris. Mais l’arrestation soudaine d’un oncle en 1941 allait changer le cours des événements. Mendel devenu Maurice, son père Haïm, sa jeune sœur Chaja devenue Hélène et son conjoint Jacques Guechpentz, partent se réfugier à Lyon en zone libre.
Dora Uszerowicz les rejoindra et le mariage religieux sera célébré le 11 novembre 1941 pour les deux couples.

(De gauche à droite : Hélène et Jacques Guechpentz, Dora et Maurice Huberman, en 1941)

Ils vivent tous dans des conditions précaires jusqu’en juillet 42 où Maurice, muni de faux-papiers, part avec Dora pour Tarbes. Il racontera plus tard qu’il évita dans cette ville de province les gros bisous et les étreintes car il lui arrivait de dire que Dora était sa petite sœur. Puis il travaillera à l’usine et enfin rejoint par Haïm le père, ils iront vivre à Nice jusqu’à la fin de la guerre.
Ils n’ont eu de cesse de faire venir la mère de Maurice mais elle ne voulait pas quitter son appartement parisien. Elle se décida enfin après avoir envoyé ses valises et sa machine à coudre, à prendre un billet pour un train de nuit le 16 juillet 1942. Mais ce fut la rafle du Vel d’Hiv le même jour, elle fut arrêtée ce même 16 juillet au matin puis déportée à Auschwitz, sans retour.

(Dora et Maurice Huberman)

Après la guerre, les Huberman n’ont pas pu récupérer leur appartement, ils vécurent provisoirement chez d’autres membres de la famille puis dans un studio et enfin un deux pièces à Asnières.
Deux enfants naîtront, Jean-Pierre en 1946 et Evelyne en 1951.
Maurice a continué de travailler avec son père puis devint commerçant, successivement à Asnières puis à Etampes.

(Maurice Huberman dans son magasin de prêt-à-porter masculin à Etampes)

Son engagement communautaire fut celui d’un militant au sein d’une société mutualiste, lesquelles étaient restées nombreuses à Paris après-guerre avec une vocation sociale très importante. Il fut membre du Bureau de l’une d’entre elles, la sienne était les Israélites de Paris et la Solidarité. Elle était présidée par David Kornicki et les amis ne manquaient pas dans cette Société. C’est dans les années 90 qu’il prit la décision de convaincre ses amis Armand Kargeman, Jacques Gevertz et Srul Bielinski de prendre rendez-vous avec le Président d’une autre société mutualiste, plus importante en nombre, Les Amis Israélites de France, laquelle était présidée par le frère de son gendre.

(Maurice et Dora Huberman au mariage de leur fille Evelyne avec Michel Kaminski en 1974)

Rendez-vous était pris au siège de la Fédération des Sociétés Juives de France qui se trouvait alors rue de la Folie-Méricourt. Le président Kornicki fit les présentations puis donna la parole à Maurice Huberman qui alla à l’essentiel.
« Nous sommes les Israélites de Paris et nous souhaitons être des Israélites de France. »
Le ton était vite donné, David Kornicki appuya cette demande d’intégration de cette petite société dans une plus grande en nombre garantissant en quelque sorte une pérennité recherchée et chacun prit un engagement, l’adhésion de toute sa famille aux Amis Israélites de France. Ainsi Maurice Huberman y inscrira sa fille et son fils et bien plus tard cinq générations en seront membres. Il y aura la famille de sa belle-fille, les Himmelfarb, les Guechpentz de son beau-frère et Chaja Uszerowicz sa belle-sœur. Les Amis Israélites de France comptent encore des Kornicki et des Guechpentz, ses amis Kargeman et Bielinski auront un rôle social important dans la société.

(Maurice Huberman entouré de ses enfants Jean-Pierre et Evelyne)

On peut dire aujourd’hui que l’engagement de Maurice Huberman est en grande partie tenu. La réunion des familles, les liens qui lui tenaient tant à cœur resteront solidement tissés. La Société, c’était jadis tendance, organisait des grands bals et Maurice Huberman était très remarqué car il lui arrivait souvent d’ouvrir ces bals avec ses talents de danseur que ceux qui l’ont bien connu ne peuvent oublier.
Maurice Huberman s’est éteint le 8 février 2009, à l’âge de 88 ans, entouré des siens. 

Album de famille
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