La plate-forme de généalogie MyHeritage avait déjà le vent en poupe

La start-up israélienne créée en 2003 permet en effet à des centaines de millions d’individus d’accéder à des milliards de données historique et internationale, mais ce n’est pas tout, la grande mode est désormais d’obtenir son ADN assorti de précisions sur ses origines exactes, religieuse et géographique.

Pour ce faire, on commande pour quelques dizaines d’euros un kit contenant des écouvillons buccaux et on les envoie à Houston, Texas. Si je me suis toujours demandé comment ma salive pouvait indiquer ma religion, j’ai fait comme les copains, après avoir constaté que leurs résultats correspondaient manifestement à une réalité, j’ai commandé mon test, j’ai prélevé ma salive comme on le fait à un vulgaire criminel, et j’ai envoyé le tout Outre-Atlantique.

Première réponse, on m’accuse réception en me précisant que je recevrai les résultats dans six semaines. Mais pour l’heure, c’est l’angoisse, je suis tourmenté et préoccupé quant à mes origines, à savoir ce que vont me dévoiler ces résultats.

Et si on m’écrit que je ne suis pas vraiment juif, avec ce patronyme purement polonais que je porte, me direz-vous. Et si on me dit que mon défunt père, si fier d’être de Varsovie, venait d’un petit bourg perdu au fin fond de ces mornes plaines d’Europe de l’Est ?

En attendant autour de moi, c’est à celui qui rira le plus fort. Ah, ils ont le beau rôle les Levy, les Cohen, mais moi… le Kaminski.

Un copain se voit déjà remettre en cause ma ketouba, un autre serait capable d’invalider ma bar-mitzvah, quant au troisième, médecin, il m’a carrément dit tant pis pour la brit-milah. Ah, ça rigole bien. Mon épouse m’a déjà dit qu’elle rêverait qu’on me trouve, ne serait-ce qu’à la faveur d’un petit pourcentage, une origine marocaine afin que je ne dise plus jamais du mal de ses parents. Je dois avouer qu’il m’est arrivé qu’une seule fois de repousser sèchement une choukchouka parce qu’elle baignait, m’avait-il semblé, dans de l’huile… en quantité industrielle. Mais, circonstance atténuante, j’étais un peu énervé parce que ma belle-mère m’avait dit que la cuisine ashkénaze n’avait ni saveur ni couleur, que la carpe farcie était beige, le hareng gris, le foie haché marron et le pied de veau en gelée transparent.

Bref, je compte les jours pour recevoir les résultats de mon test ADN, il paraît qu’on est capable de me préciser si mon père a grandi à Varsovie rue Ciepla, rue Krochmalna ou  même rue Zelazna. Toujours est-il que si ce test emporte ma satisfaction, que si cette macromolécule biologique  me rassure quant à mes origines, je me promets d’apprendre à dire « Acide désoxyribonucléique » ….en yiddish.

Alain Kaminski
Rueil-Malmaison