Champ libre : Les Juifs de Russie dans le 18ème arrondissement de Paris 1852–1944

Par Patrice Markiewicz

Les Juifs de Russie dans le 18ème arrondissement de Paris 1852 – 1944 Ou la « nouvelle Jérusalem »? (« L’épopée de Ménaché Foigel » d’André BILLY et de Moïse TWERSY)

Qui, aujourd’hui, se souvient de la « Nouvelle Jérusalem » comme aimait à l’appeler ainsi le personnage principal de « L’Epopée de Menaché Foigel » d’André BILLY et de Moïse TWERSY ?, celle qui occupait le versant Nord de la butte de Montmartre et plus largement le XVIIIème arrondissement de Paris ? Qui en furent les « bâtisseurs »? D’où vinrent-ils ? Pour quelles raisons ? Voilà autant de questions auxquelles je vais tenter d’apporter des réponses.

On conviendra que le début du Second Empire a marqué, d’après les premières traces archivistiques disponibles, le début de l’immigration des Juifs de Russie à Paris. Selon le baron Alfred de GUZBOURG, dès 1852, on compte 154 ménages comprenant plus de 500 personnes au total choisies à Brody[1], qui se sont installés dans le XVIIIème arrondissement, notamment.

1. Des prémices à 1918 : Les Juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris

Après l’assassinat du tsar Alexandre II en mars 1881, le tsar Alexandre III instaura, l’année suivante, les « Règlements prévisionnels », autorisant les autorités régionales à expulser les Juifs des villages, à les enfermer dans des ghettos, ainsi qu’à les exclure de l’enseignement universitaire et des professions libérales. La population russe, plus ou moins organisée par la police, ou du moins mobilisée par elle, se rue alors avec des armes de fortune sur les quartiers juifs, pour tuer, violer, piller maisons et biens: ce sont les « pogroms (« émeutes » en Russe).

La population du XVIIIème arrondissement commence à connaître une grande mutation dans sa composition ethnique et sociologique au lendemain des pogroms, qui voit affluer une population juive de Russie mais également de Roumanie, toujours plus nombreuse.

Aux débuts de la IIIème République, dans une France qui ignore la religion dans les recensements, et qui ne fait pas de l’appartenance religieuse l’objet de spécification dans les statistiques d’immigration, peu de citoyens ont alors connaissance des origines diverses de cette population juive qui vient d’une immense Russie dont les frontières ont beaucoup fluctué par le passé. Les voyages clandestins ou les courts séjours de transit de ces Juifs de Russie vers les Amériques, ainsi que le manque de contrôle aux frontières terrestres et le désordre général dans lequel s’effectuait les migrations, obligent les historiens à renoncer à toute évaluation précise du nombre d’immigrants. Nous commençons à mieux connaître l’installation des immigrés juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris, qu’à partir de 1882.

1.1. 1882-1907: le XVIIIème arrondissement de Paris à l’heure des premières vagues d’immigration au lendemain des pogroms

C’est en effet un 23 août 1882, que trente-cinq hommes, plus de vingt-cinq femmes et quarante enfants arrivent à Paris, à la Gare de Lyon, en provenance de Brody à la frontière de l’Empire russe. Il s’agit de juifs de Roumanie expulsés d’Odessa alors russe. Après avoir voyagé en bateau d’Odessa jusqu’à Constantinople et de là jusqu’à Marseille puis Lyon, ils arrivèrent à Paris où personne ne les y attendait, où ils durent attendre une aide dans la rue le long du mur d’une prison. La police accorda aux réfugiés l’autorisation de passer une autre nuit mais cette fois-ci dans la gare (de Lyon), seulement après que le Comité de Bienfaisance leur ait loué des chambres dans des hôtels bon marché. Le Gouvernement français décida alors de restreindre l’immigration des Juifs de Russie[2].

En 1882, l’Alliance Israélite Universelle, le Consistoire de Paris et le Comité de Bienfaisance donnèrent leur accord pour installer à Paris deux cents familles russes (504 personnes). 154 de ces familles avaient été sélectionnées à Brody, le reste en Russie. On avait choisi de préférence des familles sans enfant (94) ou avec un enfant (24) et en fonction de l’aptitude des chefs de famille. Pour les loger, le Comité de Bienfaisance acheta des maisons qui étaient vides aux 12, 14 et 16 de la rue Eugène Sue dans le XVIIIème arrondissement de Paris, pour 45.000 francs. Le contrat de vente expulsait des ouvriers français qui protestèrent auprès des députés socialistes. Arrivés à Paris, les émigrants recevaient 7 Francs 50 par jour du Comité de Bienfaisance qui créa aussi une cantine populaire. Ce même Comité fournit également pour 8.500 Francs de charbon pendant l’hiver. Il créa trois ateliers…[3]. Le noyau originel historique où les premiers Juifs de Russie et de Roumanie furent recueillis dans le 18ème arrondissement de Paris, englobait les rues Marcadet, Senart et Eugène-Sue, dans les bâtiments de la société La Foncière. Tous ces Juifs étaient tailleurs et casquettiers. Un peu plus loin, se trouvaient les magasins Dufayel ouverts sur le Boulevard Barbès et la rue de Clignancourt, qui attiraient les acheteurs à tempérament; tout autour s’était développé un commerce actif de meubles, vêtements et bijouterie (…). Le quartier de Clignancourt se caractérisait par une nette prépondérance des brocanteurs, des chiffonniers et des marchands forains attirés par le « marché aux puces » de Saint-Ouen[4].

Au début du XXème siècle, la population juive de Russie continua de fortement augmenter dans le XVIIIème arrondissement de Paris, alimentée par les nouveaux pogroms de 1903, 1905 et 1907, l’échec de la Révolution russe de 1905 et la fermeture des frontières britanniques. Les Juifs qui ont rassemblé en hâte leurs ressources, reçus les secours des sociétés philanthropiques internationales, ont pris le chemin de l’exil. Ceux qui échappent aux persécutions traversent l’Allemagne, les uns se fixent dans les centres industriels, les autres poursuivent leur route et, d’étape en étape, ils débarquent à la gare du Nord, à Paris. Quelles vont être les réactions des autorités françaises et de l’opinion publique à leur égard ?

En raison de l’alliance franco-russe de 1897 et les emprunts russes, le gouvernement français ne fut pas trop enclin à critiquer la politique tsariste à l’égard des Juifs. Au même moment, en pleine affaire Dreyfus, la presse antisémite française considère d’un oeil critique l’immigration des Juifs de Russie, les Juifs de Russie font aussi les frais de la méfiance que la préfecture de police nourrit à l’encontre des réfugiés russes en général, qu’elle considère comme « sympathiques à la révolution russe ».

1.2. Les atouts de l’attractivité de Paris et le choix d’implantation des Juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris

Mais pour quelles raisons donc, ces nombreux Juifs de Russie choisirent de s’établir à Paris, et, plus particulièrement dans le XVIIIème arrondissement, plutôt qu’aux Etats-Unis, en Angleterre ou encore en Argentine. La capitale de la France était perçue comme la Terre promise selon le dicton yiddish « heureux comme Dieu en France », comme la patrie de Victor Hugo, des Droits de l’Homme, de la Révolution, des barricades, de la liberté, de l’Egalité et de la Fraternité, comme le premier pays à avoir émancipé les Juifs. La capitale de la France a toujours brillé aux yeux des autres peuples en général, tout d’abord par le prestige attaché à ses produits de luxe, par son attrait culturel, intellectuel et universitaire auprès des étudiants, par ses activités révolutionnaires en souvenir de la Commune de Paris. Aussi, par le désir de s’y rendre pour se perfectionner dans son métier, ou de rejoindre un parent ou un ami, pour y faire une halte sur la route vers les Etats-Unis d’Amérique ou l’Argentine, contraint d’y rester faute d’assez d’argent pour s’y rendre ensuite. Egalement, pour y travailler dans les secteurs des produits non destinés à la communauté juive, par le manque de débouchés et la stagnation des marchés en Russie qui conduisirent inévitablement à l’immigration afin de trouver du travail dans l’espoir de pouvoir se mettre rapidement à leur compte pour exercer leurs métiers. Certains Juifs de Russie émigrèrent en France, à Paris, notamment dans le XVIIIème arrondissement de Paris, pour échapper également au service militaire. Pour d’autres encore, ce fut le fruit du hasard. Au début du XXème siècle, les émigrés artisans et ouvriers s’installent de préférence dans le XVIIIème arrondissement, surtout les brocanteurs, les chiffonniers, les tailleurs et les casquetiers. Dans le XVIIIème arrondissement de Paris la population juive immigrée s’élève à 8,3% en 1872 et grimpe à 29,7% en 1901. Y vivaient 1.985 Juifs de Russie et de Roumanie en 1901, qui représentèrent 0,8% de la population totale du quartier dont la population immigrée totale représentait 5,7%. Les immigrés juifs de Russie et de Roumanie représentaient 14,3% du total de la population immigrée du quartier. Alors que jusqu’à la première moitié du XX ème siècle, les chiffres manquent, la presse antisémite dénonce avec des propos peu flatteurs le « juif crasseux » porteur de maladies microbiennes, attisant la peur chez les Parisiens en exagérant à mauvais escient le nombre d’immigrés arrivés dans la capitale. Elle érige les immigrés comme des concurrents pour les travailleurs parisiens.

1.3. Les conséquences des migrations de Juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris
Escalier de la rue Muller photographié par François Gabriel.

Quelles furent les conséquences d’une telle migration dans le XVIIIème arrondissement de Paris ? Elles furent à la fois sociales, culturelles et religieuses. Les contrastes socio-spatiaux sont flagrants entre les différentes communautés juives. Le prolétariat est du côté des Yiddisches mais aussi des Juifs d’Afrique du Nord, des Balkans et de l’Empire ottoman. Même au sein des communautés des Juifs d’Europe centrale et orientale, les préjugés vont bon train, comme en témoigne le mépris des « Montmartrois » pour les habitants du Marais, des Juifs de Russie pour les Juifs de Pologne, que les premiers traitaient de « Polaks ». L’afflux de ces nouveaux immigrants dans le XVIIIème arrondissement de Paris, en général des hommes adultes, d’origine modeste, pratiquant des métiers artisanaux, représentants d’une émigration économique fondée sur le travail, contribua à modifier la composition technique et sociale de l’arrondissement. Ce sont surtout les travailleurs qualifiés qui émigrèrent, en majorité des artisans qui étaient majoritaires dans la structure de la population active dans la Zone de résidence russe. Le déclin des activités commerciales et l’augmentation du nombre des travailleurs qualifiés à l’intérieur de la Zone de résidence expliquait la représentation excessive des ouvriers-artisans au sein de la population juive qui élit domicile dans le XVIIIème arrondissement de Paris, et, leur intégration ne va pas sans poser un certain nombre de questions. A leur arrivée, les immigrants sont à 73,5% des ouvriers qualifiés et pour 62,1% des immigrés établis. Les métiers du vêtement occupent 46,5% des immigrants à leur arrivée et 60,8% des immigrés établis dont 19,8% de tailleurs, coupeurs, couturières, mécaniciens, dresseurs chez les arrivants, et 36,8% pour les établis[5].

Des marchands ambulants juifs de vêtements originaires de Russie sont très présents au marché aux puces de Saint-Ouen, -l’un des principaux espaces marchands de Paris, situé à ses portes, entre l’ancienne zone des fortifications et la commune de Saint-Ouen-, né en 1885 pour officialiser des regroupements de chiffonniers déjà existants venant y exposer leurs produits[6].

Parmi les professions les moins bien considérées socialement, figure celle des chiffonniers, -très ancienne profession remontant au Moyen âge-, coéquipier du marchand d’habits, le « chiffonnier » occupe, dans la hiérarchie, un rang inférieur. Parmi les émigrants juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement beaucoup le sont, à l’instar des Brodski, les grands-parents maternels de la chanteuse défunte Barbara (Varvara en russe du prénom de la grand-mère) au 81 de la Rue Marcadet. Qui possèdent alors, dès leur arrivée de Tiraspol (en Transnistrie aujourd’hui ou République moldave) en 1905, possède une maisonnette particulière avec jardin et hangar pour les dépôts. En 1884, on estime à 1.351 le nombre total des chiffonniers dans le XVIIIème arrondissement de Paris.

Pour défendre leurs intérêts d’ouvriers, les Juifs de Russie crée des syndicats. En 1897 est créée à Paris l’Union générale juive des Travailleurs de Lituanie, Pologne et Russie, préalablement fondée en Russie la même année. A la fin du XIXe siècle fut créée au 33 de la Rue Doudeauville dans le 18ème arrondissement de Paris, l’Association des ouvriers boulangers.

D’autres Juifs de Russie, une minorité, connurent une meilleure destinée. Parmi les migrants juifs de Russie le plus illustres figure Menacé Foigel qui, arrivé en France en 1905, s’est immédiatement installé à Montmartre, rue Ramey, au « Select Hôtel ». Pour de nombreux Juifs, une certaine ascension sociale fut rendue possible par le commerce. Le colportage de marchandises ou de services, qui demeurait l’ultime ressource avant le recours éventuel aux oeuvres de charité, pour l’immigré appauvri et dépossédé, – l’émigré n’avait pu emmener avec soi on stock ou retrouver une clientèle-, afin de provisoirement gagner sa vie en attendant un emploi plus stable ou d’échapper au chômage en morte saison. Mais le colportage pouvait aussi bien s’avérer être la source d’une accumulation progressive de capital et conduire à terme à la fondation de certains magasins, comme Dufayel ou les Galeries Lafayette, pour ne citer qu’eux.

Au sein des différentes communautés juives, les contrastes religieux s’ajoutent aux contrastes sociaux. Les Juifs venus d’Europe orientale parlent le Yiddish et se conforment beaucoup plus strictement aux règles et aux rites du judaïsme. Ils ont par conséquent des difficultés à s’adapter au judaïsme d’Europe occidentale, plus libéral. Les nouveaux migrants contribuent au renouveau du culte juif en Europe occidentale où il avait quelque tendance à décliner. L’intégration des communautés anciennes s’était en effet traduite par un fort déclin des pratiques et rites religieux. A l’inverse, les Juifs venus d’Europe orientale manifestent un attachement beaucoup plus ferme aux traditions du judaïsme et ont un taux de pratique beaucoup plus soutenu. Le Consistoire Israélite de Paris regroupa, en 1904, trois ou quatre oratoires de Montmartre dans un vaste local, rue Sainte-Isaure. L’un des obstacles majeurs auxquels les nouveaux immigrants juifs de Russie furent confrontés, fut le barrage de la langue et les mentalités.

Le photographe Maurice KACEF de la Rue Ramey qui photographiaient les familles dont celles des Juifs de Russie, a ainsi pu immortaliser plusieurs générations d’entre eux qui se succédèrent par vagues. Ces nouvelles vagues d’immigration ont eu pour conséquence de renforcer l’antisémitisme dans les sociétés de l’Europe occidentale, se doublant d’un courant d’anti-judaïsme déjà très enraciné où l’on continue de considérer les Juifs comme appartenant au « peuple  déicide », et, d’un antisémitisme à composante économique, lui aussi ancien, qui voyait dans le Juif l’usurier. Mais le fait nouveau de la seconde moitié du XIXème siècle, c’est l’apparition d’un antisémitisme pseudo-scientifique, qui s’appuie sur les théories raciales.

1.4. Les structures des communautés juives de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris

Pour défendre leurs intérêts d’immigrants, leurs opinions politiques et syndicales et leurs croyances religieuses, les Juifs de Russie créèrent des journaux et des revues comme autant de tribunes reflétant leur multiplicité et leur diversité. Cependant, les trop fortes rivalités entre bundistes (proches de la S.F.I.O.), sionistes, socialistes révolutionnaires et anarchistes, contribuèrent à la brièveté de leur parution.

Dans ce climat de méfiance et de défiance, les Juifs de Russie présents dans le XVIIIème arrondissement de Paris, ont rapidement ressenti la nécessité de se regrouper; il existait quatre types d’associations d’immigrés: les sociétés d’originaires de villes et de pays, les sociétés d’entraide et de secours mutuel, des groupes professionnels et des comités locaux qui regroupaient des originaires de « shtetls » pas assez nombreux pour créer une association d’originaires. Des associations à vocation générale, de plus grande tailles dominaient le réseau, comme l’asile de nuit ou encore l’O.R.T. (l’abréviation en russe qui signifie Société pour le développement de l’Artisanat et de l’Agriculture parmi les Juifs. Après avoir été un facteur de regroupement et d’entraide, les sociétés devinrent un lieu d’intégration sociale. Facteur de cohésion, elles n’en furent pas moins minées aussi par des luttes internes de pouvoir.

Au fur et à mesure que les immigrés juifs de Russie s’installaient et atteignaient une certaine aisance, en comparaison avec la dureté des premières années, – les Yiddisches ayant une vie communautaire encore plus intense que les Juifs de France anciennement établis-, l’aide des sociétés mutuelles fut bientôt accordée à ceux qui n’appartenaient pas à la société elle-même. Avec l’augmentation même faible de leurs revenus, les immigrés juifs de Russie étaient désormais à même de se tourner vers les autres, en créant des organisations philanthropiques ou en les aidant financièrement. Les Juifs de Russie créèrent de nombreuses institutions parmi lesquelles figure la Société de bienfaisance et d’humanité, la première, fondée par Léon Novochelski en 1886, quatre ans après la première vague d’immigration juive de Russie à Montmartre. Elle se développa à partir de la Société des Israélites polonais rattachée au premier des oratoires immigrés, celui de la rue Saint-Paul, dont Novochelski avait été également le président. La création de l’oeuvre philanthropique immigrée la plus importante de toutes, la Société (plus tard Association) philanthropique de l’Asile israélite de Paris visait plutôt l’hospitalité que l’assistance. L’Asile fut fondé « par l’initiative des israélites russes et roumains », en 1900. Moïse Fleischer (qui travaillait dans la bonneterie et l’impression sur coton) en était le fondateur et le président jusqu’à sa mort en 1905. Le rabbin immigré Lubetski participa aussi à la fondation de l’Asile, et Salomon Novochelski, le fils du fondateur de la Société de bienfaisance, succéda à Fleischer comme président, de 1905 à 1916. En 1910, il quitta les bâtiments qu’il louait rue du Figuier dans le Marais pour acquérir ses propres murs au 12 rue des Saules, à Montmartre. L’année suivante, en 1911, une crèche fut créée et l’Asile devint la Société philanthropique de l’Asile de nuit et de crèche israélite. En mai 1914, un asile de jour fut mis sur pied au 16 de la rue des Cloys à Montmartre, mais celui-ci ne fonctionna qu’au ralenti pendant la Première Guerre mondiale. Il déménagea enfin au 16 rue Lamarck où un centre d’hébergement et une crèche existent toujours. De trente lits, l’Asile passa à cent en 1909. Il recevait de trente-quatre à quarante visiteurs par nuit (chacun y demeurant de six à neuf nuits). L’hébergement, comme le thé, le pain, la soupe et les vêtements étaient entièrement gratuits sans tenir compte de la nationalité ou de la religion. A côté de l’importante fonction qu’il remplissait pour les nombreux immigrés, l’Asile offrait aussi une aide aux immigrés ou aux travailleurs français au chômage. Si nécessaire, la limite de quinze nuits consécutives autorisées était prolongée. L’Asile de nuit fonctionnait ainsi. Les dames patronnesses s’occupaient de la crèche, des bals de charité annuels remplissaient la caisse, sans oublier les fondations de lits, avec l’inscription du nom du donateur: « Vous pourrez ainsi perpétuer le nom qui vous est cher entre tous ». Dans le discours, l’Asile de nuit reprend les mêmes thèmes que ceux des oeuvres philanthropiques françaises, à savoir, la lutte contre la mendicité organisée à l’aide de la vente de tickets, « le fléau du paupérisme »; le problème des « faux pauvres » et des « vrais » nécessiteux. Le travail « ennoblit l’humanité ». On loue la France pour son hospitalité unique en Europe. Consciente que tout nouvel afflux de réfugiés russes à Paris aurait déclenché des réactions plus violentes tout comme le mépris du Comité de Bienfaisance qui reprochait à ceux qui étaient déjà installés de manquer souvent de reconnaissance pour les oeuvres de charité qui les avaient recueillis et accompagnés[7]. On trouve dans les procès-verbaux des assemblées générales ordinaires du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris, la mention que « cette immigration (des Juifs de Russie) nous donne des préoccupations sérieuses, car nous devons tout faire pour empêcher qu’elle ne soulève ici, comme cela a eu lieu dans d’autres pays, une question d’ordre social dont les conséquences seraient fâcheuses pour tous. Nous nous gardons bien d’encourager ce mouvement d’immigration. Cependant nos sentiments de fraternité nous défendent de nous désintéresser complètement du sort des malheureux qui nous arrivent du dehors; nous devons subvenir à leurs premiers besoins; nous aidons volontiers ceux d’entre eux qui peuvent travailler, et nous rapatrions les autres. Le Comité qui, cette année (1888) a reçu 773 demandes de plus que l’année dernière, émanant de 557 célibataires et de 216 individus mariés, a renvoyé dans leur pays d’origine ou dirigé vers l’Angleterre et l’Amérique 648 individus. Cela a coûté 6,796 fr. 55 (…). C’est l’assistance effective fournie à ceux qui désirent réellement travailler et cherchent vainement à subvenir par leur labeur à leur existence et au soutien de leur famille. C’est ainsi que nous distribuons fréquemment dans nos séances des sommes qui permettent l’achat d’outils professionnels, de machines à coudre, de marchandises ou des matières premières; que nous consentons des prêts gratuits de sommes d’argent à des gens de toutes les classes; qu’aux époques où la population en fête se réunit sur nos boulevards ou dans les foires, nous faisons aux indigents de larges distributions leur permettant d’acheter des fleurs, des confetti ou autres menues denrées qu’ils vont revendre avec un léger bénéfice grâce auquel leurs familles trouvent le nécessaire pendant quelques jours. De même nous nous attachons à patronner et à placer dans des établissements industriels, les individus que nous avons appris à connaître et qui cherchent vainement un travail qui les sortirait du besoin et qui semble trop souvent s’évanouir devant eux (…). Nous les assistons dans nos distributions quotidiennes, et, de plus par notre contribution au dégagement de leurs bagages. Il arrive fréquemment en effet, que ces malheureux ne possèdent pas la somme nécessaire pour payer le transport de leur avoir. En venant à leur aide nous leur permettons de retrouver ici leurs meubles familiers et leurs instruments de travail (…)[8].

L’Alliance Israélite Universelle se fit forte de vouloir détourner l’émigration russe vers la province, où elle serait alors moins visible. Une circulaire du 1er août 1882 fut adressée aux comités locaux de l’A.I.U., leur demandant d’adopter des familles ou des individus. Versailles, Toulouse, Haguenau, Nancy, en accueillirent un certain nombre mais il n’y eut pas de réel enthousiasme de la part des comités en province lorsqu’il s’agissait de passer de la philanthropie à distance à l’accueil en France de ceux qu’on avait plaints et secourus. La communauté israélite de France n’était pas la seule à s’opposer à l’arrivée d’immigrants ou à les mépriser, ceux à qui elle reprochait « leur jargon indigène et indigeste » ou la propreté relative de « ces enfants de la Russie »[9]. A la distance que mettaient les Juifs français entre eux et les immigrés d’Europe de l’Est, les immigrés ont répondu par une certaine défiance vis-à-vis des institutions juives de France (Consistoire Israélite de Paris, synagogues consistoriales) y compris les oeuvres de charité, seul, l’hôpital Rothschild était un recours accepté sans difficulté.

Dans un climat d’une hospitalité toute relative, les immigrés de Russie ont su conserver une communauté interne forte, en se regroupant d’abord en fonction de leur localité d’origine pour constituer des « sociétés de pays », « landmanschaften » en yiddish, ou de pays, qui sont plus que de simples sociétés de secours mutuel. On comptait 170 « landmanschaften » à Paris en 1939, qui dispensaient une aide médicale, accordait des petits prêts, des pensions de veuvage, des concessions funéraires… Ces sociétés assuraient le lien entre la population immigrée et leurs familles et amis restés au pays et apportaient une aide au voyage et des subsides. Les sociétés de secours mutuels , sortes de caisses d’entraide, pouvaient parfois se transformer à leur création en embryons de syndicats juifs. Elles intervenaient aussi pour obtenir une concession dans les cimetières parisiens, comme ce fut le cas du Merkaz de Montmartre, notamment. La multiplication de ces sociétés conduisit à la création, le 10 avril 1913, de la Fédération des Sociétés Juives de France, née de l’initiative d’un groupe de sionistes sous l’égide du Docteur Alexander MARMOREK, biochimiste réputé. Un tel regroupement visait à faciliter l’insertion dans la vie de la Cité par l’accueil d’immigrés, en conformité avec la tradition de l’organisation communautaire qui prévalait alors en Europe orientale[10].

Consciente que seule l’hospitalité ne pouvait suffire à accompagner les immigrants de fraîche date, le Comité de Bienfaisance se chargea également des aspects scolaires de l’immigration. Il fit aménager des salles d’écoles parmi lesquelles, en 1882, une école pour les réfugiés russes dans la rue Eugène-Sue, avec l’aide du baron Edmond de ROTHSCHILD, destinée aux enfants, comprenait également des cours du soir pour les adultes qui, néanmoins, n’y participèrent pas. En 1906, une école avec cours religieux de Talmud Torah du soir ouvre au 32, rue Marcadet, dans le XVIIIème arrondissement de Paris, qui fut fréquentée par des enfants d’ouvriers juifs dont les professeurs furent, entre autres, EPSTEN, MARCOWITZ et HALPHEN. Il existait déjà en 1823, un Séminaire Israélite créé sous le nom d’Ecole Rabbinique : BRODSKY, Léon d’Odessa figure parmi les donateurs en 1902. En 1906, une école située au 32, rue Marcadet donnait des cours religieux de Talmud Thora le soir à des enfants d’ouvriers. Parmi ses professeurs figuraient EPSTEIN, MARCOWITZ et HALPERN.

Toutes ces institutions nécessitaient une aide financière. Comme les oratoires et les sociétés de secours mutuel, l’Asile se tourna vers la communauté parisienne dans l’espoir de recevoir de l’aide. Il reçut effectivement le soutien moral et financier du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris, de l’Univers israélite admirait son oeuvre discrète et les Archives israélites, louaient ses efforts qui faisaient honneur à la communauté parisienne. Le grand rabbin Zadoc Kahn puis J.H. Dreyfus, apportèrent leur soutien spirituel à l’Asile. Quant à l’aide financière, elle vint de l’Alliance, de la famille Merzbach, des Rothschild, etc. Même le préfet de police Lépine était sur la liste des bienfaiteurs. Cette approbation unanime de la communauté immigrée, parce qu’elle prenait soin des siens et allégeait le fardeau des bureaux d’aide sociale aussi bien publics que juifs, assura le développement de l’Asile. Une source importante de fonds provenait d’un club de diamantaires immigrés. Une source non négligeable provenait aussi des cotisations de ses membres qui payaient leurs vingt francs de cotisation annuelle. Ces cotisations représentaient un tiers des revenus en 1905 – 1906. Dufayel aida également les immigrants à s’installer. De 1908 à 1913, la Fondation Rothschild fit construire, sous la direction d’Henri Provensal, les ensemble d’habitation de la rue Marcadet.

1.5. Les commerces des Juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris

Pour subvenir aux besoins quotidiens des émigrants, une multitude de commerces existaient. Pour se nourrir, dès 1905, les émigrants pouvaient se rendre aux fourneaux alimentaires au 25, Rue ordonner, dans les années 1920, au 33, rue Caulaincourt et au 6, rue Championnet. Là, ils y trouvaient des aliments chauds contre des Bons émis par le Comité de Bienfaisance, qu’ils pouvaient se procurer à la Caisse dudit Comité, 60, Rue Rodier, à raison de 0 Franc 10, pour un un Bon d’une portion (bouillon, légumes ou viande). Les Bons étaient vendus au détail par les boulangers avoisinant les Fourneaux. On pouvait aussi se substanter dans les « bouillons » des rues de Clignancourt, Eugène-Sue et Marcadet. On trouve mention d’un certain Hersch GALAS, porteur de pain au 29, rue Ordonner en 1910. Parmi les commerces les plus en vue dans le 18ème arrondissement, Robert SABATIER, dans son roman « David et Olivier » aimait à évoquer la boucherie Kasher de M. AARON de la rue Labat, qui faisait face à l’échoppe du rempailleur de chaises, M. Léopold, rue Nicolet, M. ZOBER, le tailleur, le couturier Jack BRONSKI (Chez Jack BRONSKI au 5, rue Nicolet) et M. KUPALSKI, un épicier qui élevait des oies et des carpes derrière sa boutique. L’épicerie cacher ROSEMBERG avait pignon sur rue dans les années 1940. D’autres bouchers régalaient les palais comme Félix LAZARD, 35, Rue Ramey (en 1905), Albert LEVY, 33, Rue Montholon, ROSENBERG, au 67, Rue Ramey (signalée pour l’année 1946), Samuel DAVID, au 4, rue Ferdinand Flocon, LINDE, rue Ramey, dans les années 30 ou encore SZIPAK au 92, rue Championnet. Rue Simart, KLAPISH vendait les succulents cornichons à la mode Mallassol. Dans les années 1920 et 1930, l’épicerie dénommée « The far Eastern Fish C°, Maison « KETA », au 135, rue Damrémont régalait les palais les plus subtils. On trouvait pratiquement de tout à l’échoppe de KOSSOWSKI au 70, rue Damrémont. Des magasins d’alimentation générale se trouvaient dans les rues du Poteau, Duhesme et Ramey. Pour les grandes occasions, on se précipitait en famille au restaurant d’Hélène KERNBAUM, Rue Eugène-Sue. On se réunissait volontiers pour se retrouver, discuter et bavarder au café Nord-Sud, près de la mairie du XVIIIème arrondissement. Pour se préparer à de grands événements, se faire plaisir, plaire, les émigrants allaient se faire coiffer chez JOFFO, au bas de la Rue de Clignancourt, et, se chausser chez KALMANSON au 63, rue du Ruisseau. Les émigrants allaient faire leurs emplettes dans les grands magasins tels que Cinq et Dix, Dufayel, le Palais de la Nouveauté ou encore le Bonhomme en bois. Ils allaient se divertir au cinéma du 43, Rue Ornano ou au Fantasio ou encore au Marcadet Palace. Pour s’équiper de matériels radiophoniques, le magasin de la société Audiola au 5, rue Ordonner, comme celui de Radio Rex au 80, rue Damrémont, étaient tout indiqués. Pour se meubler, il suffisait de se rendre chez Lévitan ou encore chez Herman WALDMAN au 47, Boulevard de la Chapelle. Ceux qui avaient besoin d’aide pour effectuer des démarches administratives, entre autres, pouvaient s’adresser à David DAVID, écrivain public au 20, rue Écuyer. Vous aviez un problème de tuyauterie, vous pouviez recourir aux services de David JACOBSOHN, serrurier au 68, rue Marcadet.

En novembre 1911, le Comité de Bienfaisance israélite de Paris refusa l’offre de subvention que lui avait faite la Société russe de Secours[11]. La Société russe de Bienfaisance, par l’organe d’un de ses membres, le Docteur ROSENBLITH, demanda au Comité de Bienfaisance Israélite de Paris de vouloir bien lui signaler, le cas échéant, les familles intéressantes à secourir ou à rapatrier. Le Comité de Bienfaisance, à titre d’essai, adopta cette proposition[12].

Avec la Première Guerre mondiale, l’immigration des Juifs de Russie en France connut une interruption momentanée. Zosa SZAJKOWSKI estime dans son « Etuden » à 10.000 les Juifs d’Europe orientale à Paris en 1914, Michel ROBLIN, à 21.000[13]. Dès le début de la Première Guerre mondiale de nombreux Juifs, reconnaissant à leur patrie d’accueil, se montrèrent patriotes, sur au moins 40.000 qui s’étaient portés volontaires, 14.000 d’entre eux tombèrent au champ d’honneur. Beaucoup avaient fait partie de la Société « La Solidarité des Engagés Volontaires Juifs Réformés » qui était domiciliée au 113 de la Rue Ordener, dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Les Volontaires Juifs Anciens Combattants au service de la France », société de secours mutuels présidée par M. R BERCOVICI, se situait au 7bis de la Rue Trétaigne dans le 18ème arrondissement[14]. En 1917, le Club des émigrés russes de Montmartre, situé au 37, Rue Labat dans le 18ème arrondissement de Paris a joué un rôle non négligeable dans le maintien des industries de la fourrure et de la confection, remplaçant une foule d’ouvriers français appelés sous les drapeaux en 1914 – 1918. Dès la déclaration de guerre de la France à l’Allemagne, dès le 3 août 1914, les fourneaux alimentaires durent fermer en raison des pénuries alimentaires. Le Comité de Bienfaisance Israélite de Paris ne tourna plus qu’au ralenti. L’ambassadrice de Russie fit appel au Comité pour qu’il la seconde dans la tâche que lui imposait, l’affluence énorme des pauvres réfugiés russes.. le Comité vota alors dans ce but une subvention de 3 000 Francs en attendant qu’il ait pu étudier les voies et moyens de secourir les indigents russes plus normalement et à bon escient. Louis DREYFOUS fut délégué pour le XVIIIème arrondissement de Paris pour voir avec les autorités municipales les moyens de créer ou de subventionner l’organisation et l’installation de soupes populaires. Le Comité décida que, pendant toute la durée de la guerre, les cantines des écoles seraient entièrement gratuites. Les indigents. Le Comité exprima le désir que les secours des « familles assistées » et des « pauvres inscrits » fussent augmentés pendant la guerre et délégua ses pouvoirs à son bureau pour aviser. Puis, petit à petit, les fourneaux alimentaires rouvrirent[15]. Il fut mis à disposition des fourneaux à créer à l’Asile du Jour, 16, rue des Clous, une somme de 500 Francs[16]. Le 22 octobre 1914, le Consulat général de Russie et la Société russe de Bienfaisance décidèrent de mettre à la disposition du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris, sans aucun engagement de sa part, une somme mensuelle d’environ 600 Francs pour aider à secourir directement les familles israélites russes[17]. L’Alliance Israélite Universelle proposa au Comité de Bienfaisance Israélite de Paris de contribuer pour 2/3 dont 1/3 pour elle et 1/3 de la part du Jewish Welfare Board aux dépenses qui seront faites pour secourir les prisonniers militaires et civils de nationalité russe et roumaine, rapatriés d’Allemagne. Le Comité accepta de se charger de la répartition de ces secours auxquels il contribua pour 1/3. Tout cela se fit à titre d’essai[18]. Le fourneau alimentaire de la rue Ordener fut liquidé définitivement en février 1920 aux bons soins de Monsieur GODECHAUX[19].

2. 1919–1944 : Les Juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris et les enjeux de l’Entre-Deux-Guerres

C’est le retour de la paix, les révolutions russes de 1917 puis la fermeture par les Etats-Unis d’Amérique de leurs frontières aux immigrants de l’Europe de l’Est en 1924, que l’immigration des Juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris reprit, en dépit des mesures prises par le Gouvernement français en faveur du retour des réfugiés russes en Russie, au lendemain de la révolution russe de février 1917[20]. Cette même année, le Comité de Bienfaisance Israélite de Paris, en son assemblée générale du 5 juillet, présentait un rapport de Madame Hélène-Léopold ENOS, déléguée au Patronage des Prisons, à l’issue de sa mission de dame visiteuse du Dépôt et des prisons de la Seine, chargée spécialement par le Comité de Bienfaisance Israélite de Paris, des femmes et jeunes filles israélites. Elle affirmait « être heureuse de constater que, malgré la recrudescence de la criminalité, nous avons eu moins de coreligionnaires arrêtés cette année (1917) » (…). Parlant du « Dépôt, la première section de Saint-Lazare et Fresnes qui « ont reçu, cette année, 17 femmes ou jeunes filles, israélites, au lieu de 24 en 1910. Comme toujours, ce sont les étrangères, et surtout les Russes qui dominent[21].

D’après Philippe BOURDREL, 70.000 Juifs d’origine orientale se trouvaient dans la région parisienne entre 1920 et 1939[22]. En 1921, la population totale du 18ème arrondissement s’élève à 281.000 habitants, soit 10.000 de plus qu’en 1911, en 1926 à 279.000, soit 6.000 habitants de moins qu’en 1921, 285.000 en 1931, soit la population de 1921[23]. Les lois françaises de 1925 et de 1927 ont facilité la naturalisation des enfants étrangers nés en France puis celle d’étrangers, la France manquant de main-d’oeuvre depuis la fin de la Première Guerre mondiale. En 1927 – 1928, environ 10.000 Juifs de Russie et de Pologne ont été assistés, mais c’est sans compter ceux qui ne l’ont pas été soit parce qu’ils n’y ont pas eu droit ou parce qu’ils ne l’ont pas demandé[24].

A partir des années 1920, pour faire face à la montée du chômage, le Comité de Bienfaisance Israélite de Paris procéda à des placements de Juifs en province et dans des villages au Portugal, ainsi qu’à des rapatriements en prenant en charge le coût des voyages et créa des ouvroirs à Paris[25]. En 1927, ce même Comité finança un Comité de protection des Emigrants[26]. Une réflexion fut menée au sein du Comité afin de regrouper voire fusionner les très nombreuses oeuvres, pour répondre à une quête de davantage de rationalisation et d’efficacité[27].

2.2. La politisation accrue des Juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris pendant l’Entre-Deux-Guerres

L’Entre-Deux-Guerres fut marquée en France, et, notamment à Paris, par une institutionnalisation plus complète de la population immigrée, ainsi que par sa politisation[28]. Les orientations politiques des Yiddisches étaient davantage tournées vers la Gauche et le sionisme que celles des communautés juives anciennement établies en France. La Préfecture de Police de Paris a recensé environ 1.500 individus partisans de l’anarchie ou révolutionnaires, socialistes démocrates ou appartenant au Bund juif. Le Syndicat des ouvriers casquettiers était considéré par la Préfecture de Police de Paris un noyau remuant important des maximalistes[29]. Entre 1908 et 1936, les métiers juifs organisèrent de nombreuses grèves à Paris parmi lesquelles on peut citer notamment, celle des ouvriers boulangers juifs en 1908, la grande grève des casquettiers en 1912, celle des tailleurs juifs au service des Galeries Lafayette en 1914, celle des tailleurs juifs des Galeries Lafayette et du Printemps en 1917, celle de la confection des imperméables et du cuir en 1935 ou encore celle des métiers juifs en 1936.

Le 29 mai 1909, les groupes révolutionnaires de Juifs de Paris fondent une fédération anarchiste juive « Arbeiter Freint ». Les Juifs de Russie communistes étaient nombreux à résider dans le XVIIIème arrondissement de Paris, parmi lesquels, on peut citer: HONEL Mira née BOJM, RONIS Willy le photographe, KOUBCHIK Abraham, FRIEDMAN Bernard, WAISFICH Maurice, MINC André, Norbert; ANKER Daniel, Samuel; CLEITMAN Ithoc (dit Blum), KLEINMANN Bernard alias Gabriel POIRIER. Samuel (Szmul) Tyszelman et Elie WALLACH étaient membres des Jeunesses Communistes.

2.3. 1940–1944 : Les Juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris à l’heure de l’occupation, des déportations et de la Résistance

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, Sur les 150 000 Juifs de France, 90 000 sont de vieille souche et parmi les 60 000 Juifs étrangers, souvent immigrés de l’Europe orientale, la moitié a été naturalisée dans les années 1930[30]. En 1939, environ 15.000 Juifs vivent dans le 18ème arrondissement de Paris, dont 3 000 enfants qui fréquentait les 70 écoles que comptait le XVIIIème arrondissement. Le sort des Juifs en France est décidé dès le début de l’occupation, avec le premier statut des Juifs. La Shoah annonce la fin de cette « nouvelle Jérusalem » qui, avec la création du Commissariat général aux affaires juives, les lois du statut des juifs excluant les Juifs de nombreux lieux publics et restreignant le champ de leurs professions et l’aryanisation des entreprises juives juives nombreuses dans le XVIIIème arrondissement de Paris, va connaître les affres de l’occupation et de la déportation et faire preuve en même temps d’un grand esprit de résistance. En mai 1940, le Comité de Bienfaisance Israélite de Paris tint sa dernière Assemblée générale[31], puis, le 11 juin 1940, lil dut fermer ses portes. Le 9 janvier 1941, le Comité reprit son activité, bien réduite, mais il devait céder la place l’année suivante à l’U.G.I.F[32]. Par la loi du 29 novembre 1941, le gouvernement français créée l’Union Générale des Israélites de France (U.G.I.F.), chargée d’assurer la représentation des Juifs auprès des pouvoirs publics, notamment pour les questions d’assistance, de prévoyance et de reclassement social, obligeant tous les Juifs demeurant en France d’y adhérer, les autres associations juives ayant été dissoutes et leurs biens confiés à l’U.G.I.F. Dès janvier 1941, l’administrateur judiciaire auprès du Tribunal, Monsieur GERVAIS a repris la direction de l’oeuvre: secours en espèces et en nature, réouverture des deux fourneaux alimentaires parisiens[33]. Par son attachement au légalisme, l’U.G.I.F. a pu parfois pencher vers la collaboration avec le régime de Vichy nourri de l’attachement personnel de certains de ses membres au maréchal Pétain et de la confiance des mêmes en Xavier VALLAT et en l’occupant nazi. Ses bureaux ou les maisons d’enfants qu’elle patronnait ont pu se transformer en véritables souricières vulnérables aux rafles de la Gestapo. Contrairement aux Judenräte en Europe orientale, l’U.G.I.F. n’est pas sollicitée pour fournir les listes de personnes à déporter, le soin des arrestations étant confiée à la seule police de l’Etat français. Face à ces exactions, la Résistance juive à Paris, et, notamment dans le XVIIIème arrondissement, englobe les différentes actions menées par des Juifs de nationalité française ou étrangers pour s’opposer à la politique antisémite du gouvernement de Vichy, à l’occupation allemande et aux déportations organisées par les nazis. Elle intègre divers réseaux français, entre autres, à Paris même. Par ailleurs, des organisations spécifiquement juives se créent, coopérant à l’occasion avec les autres réseaux. D’autres Juifs privés d’emploi ou de papiers d’identité utilisables, participent en dehors des réseaux à la recherche, au transport ou à la répartition de tickets d’alimentation et de faux papiers, ou bien à l’exfiltration et au placement d’enfants sans parents ou de réfugiés à cacher. D’autres résistent spirituellement quand d’autres optent pour la lutte armée. Toutes ces formes recevables et respectables de Résistance active ou passive honorent la mémoire des 76.000 déportés Juifs de France.

En juin 1940, le Consistoire central de France crée des caisses de secours et multiplie les démarches auprès des autorités de Vichy et de l’Eglise de France pour obtenir des soutiens; puis, s’étant replié à Lyon, laissa l’A.C.I.P., Association consistoriale des israélites de Paris opérer à Paris. C’est sous la pression allemande que l’A.C.I.P. finit par accepter de constituer, en janvier 1941, un Comité de coordination (C.C.) qui comprend, en plus du Comité de bienfaisance de l’A.C.I.P. des représentants de la rue Amelot et de l’O.S.E.[34] En août 1941, DANNECKER exige 6 000 Juifs pour des « travaux agricoles » dans les Ardennes mais les volontaires immigrés étant peu nombreux, et, comme mesure de rétorsion, les Allemands organisent une rafle de 3 200 Juifs étrangers et 1 000 Juifs de France sont internés à Drancy[35].

Si elle n’a pas été partie prenante en tant qu’institution à part entière dans le résistance juive, l’U.G.I.F. n’en a pas moins entretenu toutes sortes de liens avec des organisations comme l’O.S.E. (établie depuis 1933 à Paris pour venir au secours des Juifs pauvres, souvent réfugiés d’Europe orientale), la Rue Amelot (du nom de la rue de Paris (Rue Amelot) où il se réunissait dans les locaux de la Colonie Scolaire, rassemble des membres de diverses organisations juives) ou Solidarité, qui existaient déjà avant la guerre, qui ont mené une action d’entraide pour une population juive de plus en plus appauvrie. Ils fournissent aux Juifs de la nourriture et des fausses cartes d’identité ou de ravitaillement, participent au sauvetage des enfants ou encore essayent de les faire passer en zone « libre ». L’U.G.I.F. demande à ces associations qu’elles leur signalent les enfants abandonnés qui ont réussi à échapper aux arrestations. Avant les rafles, des enfants lui avaient déjà été confiés, elle disposait alors de six maisons d’enfants. La Rue Amelot, l’O.S.E. ainsi que Solidarité pouvaient sortir des enfants confiés à l’U.G.I.F. et les mettre en lieu sûr chez des familles nourricières, à l’exception des « enfants bloqués », parce qu’enregistrés par la S.D., enfants internés à Drancy avec leurs parents, mais qui n’ont pas été déportés, et que l’U.G.I.F. a été autorisée à sortir du camp pour les mettre dans des « homes » d’enfants. Le service 5 de l’U.G.I.F. dirigé par Juliette STERN, présidente locale de la Wizo (Fédération française des femmes sionistes), -qui est une oeuvre de bienfaisance féminine née en 1935 et qui est liée au projet politique de faire connaître le judaïsme et les valeurs sionistes dans les milieux féminins-, s’occupait de ces enfants. Les Eclaireurs israélites de France (E.I.F.) mouvement fondé par Robert GAMSON dit Castor en 1923 comprenaient des scouts juifs. Lorsqu’en 1941, l’U.G.I.F. est créée, les E.I.F. en deviennent la sixième section, d’où le nom donné au réseau de résistance fondé par les éclaireurs israélites: la Sixième. Dissous en novembre 1941 par le gouvernement de Vichy, les E.I.F. continuent leurs activités au sein du Scoutisme français.

Une assistante sociale de l’hôpital ROTHSCHILD, Claire HEYMAN, sauve, elle, les enfants trop malades pour être déportés et placés là par la police parisienne en attendant leur transfert au camp de Drancy. Elle les fait échapper à travers la porte de la morgue de l’hôpital…

La rafle du Vel’ d’Hiv en juillet 1942 semble marquer un tournant dans la Résistance à laquelle les Juifs participèrent. Avec l’interdiction de la plupart de ces associations et leur entrée contrainte dans la clandestinité, l’assistance à laquelle elles s’étaient vouées, se transforme en sauvetage quand il devient vital pour un Juif de se cacher. Les réseaux n’auraient probablement pas pu être efficace sans l’aide de la population non juive. En 1942, sur 83.546 Juifs recensés vivant à Paris et toujours présents dans la capitale (n’ayant pas fui en zone libre), 4.854 juifs français résidaient dans le 18ème arrondissement, ainsi que 3.904 juifs étrangers[36].

La résistance juive communiste fut également présente dans le XVIIIème arrondissement de Paris. Parmi les membres de la M.O.I., figurent un certain nombre de Juifs résidant dans le XVIIIème arrondissement, dont BERKOVITZ ou BERKOWIC Fogiol; Elise GERCHINOVITZ, LOUTSKI Mauricette, Anne; ZALCMAN Moshé écrit Moïché, dit Artec; TACHMANN Renée; BUDA Enoch, PUTERFLAM Moszek dit « Rex »; CHILISCHI Menika (Monica); PERLSTEIN Henri; CLEITMAN Ithos (dit Blum); HONEL Mira, née BOJM. Le parti communiste a intégré les Juifs communistes dans des structures comme Juifs, non pas comme peuple, mais par groupes de langues. L’interdiction du parti communiste en 1939 a entraîné celle de la M.O.I. qui devint alors clandestine. Le groupe juif prit alors le nom de « Solidarité », regroupé par quartiers. Il a essaimé: le M.N.C.R., l’U.J.J., l’U.F.J. et une branche militaire avec les F.T.P. -M.O.I. Tous ces réseaux finissent par se regrouper en 1943 dans un organisme commun l’U.J.R.E. et en même temps la M.O.I. recrute aussi parmi les Juifs nés en France et les non communistes. Le mouvement de jeunesse de la M.O.I., très proche du P.C.F., fusionnera avec la Jeunesse communiste, alors appelée Union de la jeunesse républicaine de France, en juillet 1945[37].

2.4. 1944–2020 : Le crépuscule des Juifs de Russie dans le XVIIIème arrondissement de Paris

2.075 Juifs furent arrêtés dans le XVIIIème arrondissement de Paris sur un total de 27.341 Juifs arrêtés dans la totalité des arrondissements de Paris[38]. Trois mille Juifs du XVIIIème arrondissement de Paris furent déportés en 1942, 1943 et 1944. En 1944-1945, la communauté des Juifs du XVIIIème arrondissement de Paris, et notamment celles des Juifs d’Europe centrale et orientale, furent considérablement amputées par les assassinats perpétrés par les nazis avec la complicité des autorités de Vichy.

Que reste-t-il aujourd’hui comme témoin de cette « Nouvelle Jérusalem »? Quelques synagogues comme celle de la rue Sainte-Isaure, la café Nord-Sud où se réunissaient les Juifs de Russie, de nombreuses plaques et stèles commémoratives des 700 enfants juifs déportés pendant la Seconde Guerre Mondiale conçues à l’initiative de Nicolas Weg, le Centre Israélite de Montmartre au 16, rue Lamarck. C’est au cours de l’année 2000 qu’a été créée l’association « L’AMEJD 18ème » à la suite du comité Tlemcen qui avait ouvert la voie, à l’instar d’associations fondées dans le même but dans d’autres arrondissements de Paris et en province. Elle s’est donné pour but de faire surgir d l’oubli des enfants et des adolescents qui demeuraient dans le 18ème arrondissement et qui ont été massacrés par le nazisme.

Le 18ème arrondissement de Paris comptait avant la guerre plus de 70 écoles primaires, maternelles et cours complémentaires. Ces établissements ont été fréquentés par plus de 3 000 enfants juifs avant et pendant la Seconde Guerre mondiale: des enfants nés en France ou nés à l’étranger, en Russie, en Pologne et en Roumanie, notamment. L’équipe de l’Amejd 18ème ont commencé à les recenser systématiquement en lisant les registres des écoles parisiennes. Parfois ces registres manquaient. Elle a retrouvé leurs noms par d’autres recherches, et notamment par celles de l’équipe de Serge KLARSFELD, l’auteur du mémorial de la déportation des juifs de France.

C’est dès le début des années 1950, que les communautés juives de Russie largement dessinées par le nazisme, ont été progressivement remplacées, successivement, par l’immigration maghrébine puis chinoise. Il me revenait par conséquent de leur redonner vie, en hommage à celles et ceux qui ont été déportés et assassinés mais aussi en mémoire d’une Histoire qui mérite d’être connue et reconnue.

  1. Baron Alfred de GUNZBOURG, L’activité des Juifs Russes à Paris in Almanach juif. Paris. 1931. Édite par la Colonie scolaire, page 33. et Archives Nationales de France, Série 26 AS 23: Comité de Bienfaisance de Paris. Brochure: « Un siècle et demi au service de la Communauté 1809 – 1959 ».
  2. SZAJKOWSKI, Zosa, The European attitude to east European Jewish Immigration (1881 – 1893). Publications of the American Jewish Historical Society, Vol. 41, No. 2 (December, 1951), pp. 127-162.
  3. GIRARD, Patrick, les relations entre Israélites français et Juifs russes 1890 – 1905. Mémoire de maîtrise de l’U.E.R. d’Histoire de Paris I sous la Direction de Mr. PORTAT, 1971 – 1972, page 206.
  4. Ibid.
  5. GREEN, Nancy, Les travailleurs immigrés juifs à la Belle Epoque. Le « Pletzl » de Paris. Paris, Fayard, Coll. L’Espace politique, 1985., page 33.
  6. LEGLAIVE-PERANI, Céline, « Vendre sur les marchés dans les années trente à Paris: les marchands juifs du textile, du cuir et autres accessoires du marché des Puces de Saint-Ouen », in: Archives Juives, 2006/2 (Vol.39), pp. 21-31. ZALC, Claire, « Contrôler et surveiller le commerce migrant: Nomades, forains et ambulants à Paris (1912-1940) », in: Police et Migrants, France 1667-1939. Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2001, page 382. ZALC, Claire, « De la liberté du commerce pour tous à la carte de commerçant étranger (19ème siècle-1938) », in BRUNO, Anne-Sophie, ZALC, Claire, « Petites entreprises et petits entrepreneurs étrangers en France 19è-20è siècles », Actes des journées d’études des 23 et 24 octobre 2003, Paris, EPU (éditions Publibook Université), 2005, pp. 29-48.
  7. Univers israélite du 16 juillet 1883.
  8. Rapport moral d l’Assemblée générale du Comité de Bienfaisance israélite de Paris pour l’exercice 1888. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A5.O.O.O.4, année 1887.
  9. RUDNIANSKI, Michel, Les relations entre Israélites français et Juifs russes 1860-1905. Paris, M.A. Université de Paris I: Panthéon-Sorbonne, 1971-1972, Tome 2 1890-1905, pp. 207-208.
  10. ALTMAN, Patrick, Les conséquences de la crise économique des années Trente sur la population juive immigrée de Paris. Mémoire de maîtrise. Université de Paris-I-Sorbonne C.H.S., 1985, sous la Direction d’Antoine PROST et de Bruno GROPPO.
  11. Procès-verbal de la séance générale du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris de novembre 1911. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A3.0.0.0.8, 1911-1920.
  12. Procès-verbal de la séance générale du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris du 9 juillet 1913. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A3.0.0.0.8, 1911-1920.
  13. HYMAN, Paula, De Dreyfus à Vichy. L’évolution de la communauté juive en France, 1906-1939. Paris, Fayard livre étude, 1985, pp. 101 – 102.
  14. Archives Nationales de France, Série 26/AS/2, page 68.
  15. Procès-verbal de la séance extraordinaire du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris du 6 août 1914, page 55. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A3.0.0.0.8., 1911-1921.
  16. Procès-verbal de la séance extraordinaire du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris du 12 août 1914. Archives du casip-Cojasor, CBIP, A3.0.0.0.8, 1911-1921.
  17. Procès-verbal de la séance générale du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris du 15 janvier 1919, page 131. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A3.0.0.0.8, 1911-1921.
  18. Ibid.
  19. Procès-verbal de séances générales du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris de février 1920. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A3.0.0.0.8, 1911-1921.
  20. Archives Nationales de France, Série F/17/12896, page 26.
  21. Assemblée générale du 5 juin 1917. Rapport présenté par Mme ENOS au Conseil d’administration du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A3 0.0.0.12, 27 avril 1887-12 mai 1937.
  22. BOURDREL, Philippe, Histoire des Juifs de France. Paris, Albin Michel, 2004, Tome 1, page 304.
  23. Annuaire statistique de la Ville de Paris pour les années 1921, 1926 et 1931.
  24. Almanach juif. Op. CIt., page 33.
  25. Procès-verbaux des séances générales du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris de janvier 1027. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A3.0.0.0.9, 1921-1937.
  26. Ibid.
  27. Procès-verbaux des séances générales du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris de 1934. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A30.0.0.12, 27 avril 1887-12/05/1937.
  28. Procès-verbal de la séance générale du Comité de Bienfaisance Israélite de paris du 30 janvier 1939. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A3 .0.0.0.11, 23 janvier 1938-30 décembre 1947.
  29. HYMAN, Paula, Op. Cit., pp. 128-129.
  30. Archives Nationales de France, Série F/17/12896, page 26.
  31. BEDARIDA, François et Renée, « La persécution des Juifs », dans La France des années noires. Paris, Editions du Seuil, 1993, Tome 2, section « Une « question juive » en France? ».
  32. Assemblée générale ordinaire du « Comité de Bienfaisance – O.S.E. » du 8 juillet 1945. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A3.0.0.0.11, 23 janvier 1938-30 décembre 1947.
  33. Rapport moral de l’Assemblée générale du Comité de Bienfaisance Israélite de Paris exercice 1946. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A5.0.0.0.41.
  34. Assemblée générale ordinaire du « Comité de Bienfaisance – O.S.E. » du 8 juillet 1945. Archives du Casip-Cojasor, CBIP, A3.0.0.0.11, 23 janvier 1938-30 décembre 1947.
  35. COHEN, Asher, Persécutions et sauvetages, Juifs et Français sous l’occupation et sous Vichy. Paris, Editions du Cerf, 1993, pp. 174-176.
  36. Nouveaux Cahiers. Numéro 95, hiver 1988 – 1989, pp. 40-43.
  37. maitron-en-ligne.univ-paris.fr. Dictionnaire biographique du monde ouvrier dit Mitron.
  38. Mémorial de la Shoah à Paris, Collection du C.D.J.C.: Fiches d’arrestation: préfecture de Police -Secret. Circulaire n° 173-42, Paris, le 13 juillet 1942, A MM. les Commissaires Divisionnaires, Commissaires de Voie Publique et des Circonscriptions de Banlieue