Billet : De Gaza… au Bd Barbès

Par Alain Kaminski

Je me garderai bien de m’immiscer dans un débat politique, de m’installer dans une polémique voire même de faire part de mes sentiments et ce n’est pas l’envie qui me manque d’exprimer ma tristesse en voyant ces images du Proche-Orient où le sang coule là où devaient couler le lait et le miel. En Israël, les extrémistes de tous bords déversent leur haine et cette situation téléguidée par les terroristes du Hamas a conduit dans les villes israéliennes à un affrontement entre juifs et arabes aussi israéliens les uns que les autres. Ceux qui prenaient hier le thé ensemble se détestent aujourd’hui, il faudra des années ou des générations pour qu’ils reprennent le thé ensemble. C’est ce que voulaient les terroristes depuis Gaza.
Plus près de chez nous, la solidarité musulmane s’affiche à nouveau d’une manière sélective et plus nauséabonde que jamais.
Quelle explication fondée pourrait-on donner à l’importation de ce conflit venu de 4000 kms, à ces manifestations autorisées en province car organisées et encadrées par la CGT, que les choses soient claires, et non autorisées à juste titre à Paris, décision ministérielle approuvée par le préfet, le tribunal administratif, le Conseil d’Etat et la Maire de Paris, car les organisateurs se sont toujours montrés incapables de défendre une cause sans cracher leur venin et sans pouvoir respecter l’ordre public.
Et, à tout le moins, on peut se demander pourquoi, au nom de la solidarité musulmane, ceux qu’on a vu renverser et brûler les poubelles du Bd Barbès, ne manifestent jamais pour défendre les kurdes, peuple musulman de 40 millions d’âmes avec sa langue et sa culture, et qui n’a toujours pas de pays, et qui a anéanti Daesh de surcroît. Et le Darfour avec ses 200 000 morts, ses deux millions de personnes déplacées, ses 250 000 réfugiés. Et la Syrie avec ses centaines de milliers de disparus sans laisser de traces, ses cinq millions de personnes qui ont fui leur pays, une véritable guerre d’anéantissement. Il y a quelques mois seulement, des rebelles musulmans pillaient et tuaient de sang-froid la quasi-totalité de la population d’Aksoum, une ville éthiopienne de 50 000 habitants. Mais à Marseille, Lyon ou Bordeaux, on a pensé qu’il n’y avait qu’un seul coupable au monde, l’Etat d’Israël et un seul peuple persécuté et pacifiste, le peuple palestinien.
En Birmanie, la minorité musulmane Rohinga, considérée comme le peuple le plus persécuté au monde par l’ONU et avec le silence d’Ang-Sang Su Ki, prix Nobel de la Paix, n’a jamais fait l’objet d’une quelconque compassion de la part des manifestants d’hier à Paris. Au Yemen, l’aviation saoudienne a fait tomber l’été dernier un établissement universitaire comme un château de cartes faisant deux cents morts, on est loin de l’immeuble abritant Al-Jazeera et le centre de renseignements du Hamas qui a été évacué car Israël avait prévenu de sa destruction deux heures plus tôt.
Cette solidarité avec un monde musulman persécuté aux quatre coins de la planète s’est vite perdue dans certains territoires de la République, eux aussi peut-être perdus.
La compassion suivie de la haine n’a pignon sur rue que dans le cadre de la médiatisation du conflit israélo-palestinien, une situation que des milliers de gens se refusent de nommer autrement que par « conflit » israélo-palestinien. Une dénomination que d’aucuns attribuent à dessein à une région qui se définit géographiquement par le nom de Proche-Orient.
Israël reste l’Etat à abattre, même quand la Syrie à quelques encablures a implosé avec un dirigeant qui n’hésite pas à massacrer son peuple.
Cherchez l’erreur, cherchez la réponse. L’antisémitisme peut-être à travers la planète ou l’antisémitisme sans doute à Paris et ailleurs.