Billet : De Versailles au faubourg Saint-Honoré

Par Alain Kaminski

Après Louis XV, Emmanuel Macron. La comparaison ne pourrait être que cocasserie car des siècles séparent leur destinée mais Louis XV arriva le bien aimé pour finir le mal aimé et le président Macron marche du même pas indubitablement.
Louis XV changea de « ministre principal » à de nombreuses reprises et le président Macron doit manœuvrer avec un cinquième chef de gouvernement… en trois ans. Choiseul n’arriva pas à équilibrer son budget, il est tombé en disgrâce pour céder la place à Maupéou qui ne fera pas mieux. On a l’impression que l’Histoire contemporaine nous propose du déjà-vu.
Louis XV ne voyait pas que son peuple avait faim et que le quotidien était difficile, il était hors sol dans son palais et le président Macron semble vivre à l’identique dans le sien.
Le président-roi semble inexorablement tenir très bas ses ministres avec l’orgueil suprême, l’opinion de soi la plus confiante et le mépris de ce qui n’est point soi le plus affiché. Il n’attend rien d’autre qu’un dévouement on ne peut plus soumis à son endroit sans voir que sa République en marche a mis la France à l’arrêt.
Friand de discours, de commémorations, de pompe et de babils, il se sent tellement à l’aise dans son costume de monarque, et de voir son premier ministre renvoyé à son otium palois l’indiffère totalement.
Une petite différence quand même entre les deux monarques. Pour le Bourbon dont le règne s’acheva par la variole, ses sujets avaient faim. Pour l’actuel président dont la cavée risque de s’achever au son de la carmagnole, ses sujets ont peur. La violence qui sévit dans notre pays est sans doute sans précédent, la société s’ensauvage chaque jour davantage.
Les Français juifs vivent sous le feu de l’antisémitisme souhaité et intensifié par un parti d’extrême-gauche qui n’a pas sa place dans notre République, par ses proxys écologistes qui ne font plus d’écologie depuis longtemps, par une gauche modérée prête à pactiser avec le diable pour préserver prébendes et sinécures. Et le président Macron a sans doute offert un boulevard à cette haine des juifs en refusant de participer à la grande marche contre l’antisémitisme. La France entière découvre des scènes inimaginables, des personnes poursuivant, couteau à la main, des juifs dans la rue. L’antisémitisme s’affiche, se tague, se déclare et les actes antisémites sont désormais des trophées pour des individus que la justice traite avec bienveillance.
Le président Macron ne se positionne plus, il ne pipe mots, son indifférence devient synonyme de complaisance jusqu’au jour où cette cécité deviendra synonyme de complicité.
On se demande comment peut-il encore ignorer cette flambée d’antisémitisme à moins de garder volontairement les yeux bandés.
Alors que ce bandeau lui soit enlevé, qu’il voie et qu’il médite.