Patronyme : Origine polonaise garantie
Par Alain Kaminski
Qui pouvait ignorer que le yiddish avait emprunté des mots du vocabulaire polonais ?
On connaît tous le mot szmata, un chiffon, qui a donné le fameux chmatès, terme utilisé pour désigner d’une manière péjorative le métier de la confection. Et une vieille dame si gentille s’appelait Fella Chmatnik.
Mais d’autres mots restent très intéressants. Si c’est l’hébreu qui a donné au yiddish le mot chikor qui désigne l’ivrogne, les ashkénazes et surtout ceux natifs des petites villes de Pologne emploient plutôt le mot pijak, on prononcera piyak, et l’on trouve parfois des Pijakiewicz, le fils de l’ivrogne. En polonais, brudny qui signifie sale, les yiddishistes diront shmutzik mais en banlieue de Varsovie, les juifs disent broudasse et certaines familles juives travaillant le charbon s’appelaient Broudasz ou tout simplement Brud littéralement la saleté.
Mon père me qualifiait de kaléké quand je m’y prenais mal pour faire quelque chose. Ce terme vient du polonais kaleka qui signifie invalide voire estropié. Quelques familles à Paris portent le patronyme Kalicki qui vient donc de kaleka et qu’on ne confondra pas avec les nombreux Kaliski ou Kaleski qui eux rappellent l’origine de la ville de Kalisz. Je me souviens, en promenade avec ma grand-mère dans un jardin de Menton, avoir vu un écureuil grimper à un arbre. Ma grand-mère m’avait dit en yiddish iz a veverké. Cela signifie c’est un écureuil. Ce n’est bien plus tard que j’apprenais qu’en polonais un écureuil se disait wiewórka, on prononce vievourka, et tout le monde connaît la célèbre et brillante historienne de la Shoah, Annette Wievorka. Enfin, les hommes très influençables se voyaient souvent traités de chierké par leur entourage, d’où les Sierka, cela signifie en yiddish un chiffon dans le sens d’une serpillère et cela vient sans doute du polonais czyszcziene qui signifie le nettoyage bien entendu.



Passionnant, comme toujours !