Les patronymes : Ashkenaz mais séfarade

Par Alain Kaminski

Je me souviens dans le mitan des années soixante au lycée Jacques-Decour à Paris, je pensais que certains camarades de classe étaient ashkénazes eu égard à la consonantique de leur patronyme. Mais il n’en était rien.
Ouizman ou Wizman, à ne pas confondre avec Haïm Weizman, premier président de l’Etat d’Israël, littéralement l’homme blanc en yiddish, venait du Maroc et son nom venait de Z’men, le lion en berbère.
Devant moi, le turbulent Tordjman, de letarguem en hébreu, en arabe turjuman était finalement « Made in Casablanca » comme ma chère et tendre épouse, ce nom signifie traducteur, interprète.
Derrière moi, il y avait Abergel, de ab le père et r’gel la jambe en hébreu, c’est le père de l’unijambiste. Ce sacré Abergel me disait qu’un de ses ancêtres, un certain Yom Tov Abergel fut président de la Communauté juive de Gibraltar.
Enfin Ashkenazi ou Eskenazi est un patronyme qui rappelle bien sûr l’Europe centrale où s’installèrent probablement les descendants d’Ashkenaz lui-même, fils aîné de Gomer, petit-fils de Japhet et arrière-petit-fils de Noé, lesquels venaient du pays de Ash-Ku-Za qui s’étendait de l’Arménie à l’Euphrate. Bien plus tard, des juifs d’Europe centrale migraient vers le sud de l’Europe puis faisaient souche en Afrique du Nord et leur descendance, les Ashkenazi, comme mon camarade de classe, est bel et bien séfarade.
Mon clin d’œil va à tous ces camarades de classe dont je garde un émouvant souvenir.

Publié dans Actualité juive n°1602