Guyane, ma France d’Enfer
Par Claude Cordier-Roszewitch
Mon premier pas sur le sol guyanais fut terrible, 30°à l’ombre, 95 % d’humidité, moi et mon cœur, sous tension, pensèrent : nous n’allons pas rester 3 jours en cet enfer, sinon on crève.
Rien ne s’arrangea lorsque je parcourus la jungle, la pluie diluvienne s’y mit pour diluer ma sueur sans me rafraîchir et les moustiques pour me dire que je n’étais pas bienvenue, en ce lieu fait pour les cloportes, les serpents et les araignées dont on m’avait dit le plus grand mal.
Peu à peu, j’acceptai de ressembler à une éponge et goûtais la douceur de vie de mes compatriotes, le ti punch, les plats succulents, surtout le poisson dit « jamais goûté » du Maroni bourré de mercure, ce précieux produit idéal pour agglomérer les paillettes d’or et très efficace pour handicaper les enfants amérindiens.
Car ici, le danger ce ne sont pas les 400 0000 espèces d’insectes, les 710 espèces de zoziaux, les 190 espèces de mammifères, à cette heure, il ne doit pas en rester autant, car on tire et on mange tout ce qui bouge même les protégés, non le risque c’est de croiser les orpailleurs brésiliens, leurs trafiquants et leurs fusils chargés pour règlement de compte ou les surinamais braqueurs de bijouterie.
Mieux vaut courber le dos, car les balles volent bas et faire copain avec les rampants, serpents, araignées et autres scarabées bien plus accueillants. En ce qui concerne les jolis mammifères jaguar, paresseux, singes, tapir.. ils nous craignent et ne sont visibles que dans les zoo.
J’ai fait ami avec un perroquet vert, nous nous sommes donnés force caresses affectueuses, mais AU TRAVERS DES BARREAUX.
La Guyane, un bagne !