Portrait : Nathan Rutta (1920-2002)
Par ses filles, Véronique Sznitman et Sylvie Elkaïm
Notre père Nathan Rutta était né le 2 décembre 1920 à Varsovie. Sa famille a fui la Pologne pour la Palestine puis vint en France, à Paris deux ans plus tard.
Nathan apprit le métier de tailleur chez son oncle à l’âge de 13 ans après avoir obtenu son certificat d’études primaires. En 1942, il a 22 ans, il part pour Lyon et s’engage dans la Resistance. Il est dénoncé et arrêté par la Gestapo et sera interné au Fort de Montluc, de sinistre mémoire, dirigé par Klaus Barbie. De là, il est acheminé vers Drancy puis déporté à Auschwitz.
Pendant ce temps, ses parents vivent des moments difficiles et ils furent arrêtés à leur tour puis déportés à Auschwitz, ils n’en reviendront jamais.
A la fin de la guerre, Nathan n’avait plus rien, tout avait été spolié par les nazis, Nathan était orphelin de tout.
Sa chance arriva quand il rencontrera Rachel Skopinsky qui l’aidera à se remettre d’une santé fragile à son retour des camps, qui l’entourera d’amis, de sa propre famille.
Un mariage fut un nouveau point de départ, Nathan et Rachel eurent deux filles, Sylvie et Véronique dont ils étaient si fiers. Ils eurent par la suite quatre petits-enfants, Josué et Raphaël et Marc et Jérôme, qui feront tous les quatre de brillantes études.
Après quelques années, Nathan et Rachel ouvrirent une boutique de prêt-à-porter à Villiers-sur-Marne qui marchait très bien, l’époque était favorable pour le petit commerce.
Rachel, elle-même victime du nazisme, et Nathan formaient un couple fusionnel tout au long de leur vie. Ses filles et petits-enfants sont aujourd’hui fiers de son parcours, de son courage, de sa ténacité et de son attachement si fort à son épouse.
Nathan Rutta était un homme intègre, un “mentsch”, il était très proche d’Alain Kaminski, président de l’AIF, fils de Léon Kaminski, ancien déporté, et qu’il considérait comme un membre de sa famille.
Léon Kaminski et Nathan Rutta étaient nés la même semaine dans le même quartier de Varsovie, ils militaient ensemble au sein de l’Union Nationale des Déportés, Internés et Victimes de Guerre (UNDIVG), ils se retrouvaient chaque premier jeudi du mois pour dîner ensemble à la Brasserie de l’Hôtel Lutetia, un lien indéfectible jusqu’au 28 septembre 2002 lorsqu’une longue maladie emportera Nathan Rutta.
Léon et Nathan reposent en paix dans la même sépulture au cimetière parisien de Bagneux.