Portrait : David Kornicki (1912-1996)
Par Alain Kaminski
David Kornicki dont la famille reste très attachée aux Amis Israélites de France demeurait rue d’Orsell à Paris 18ème.
Il présidait la Société mutualiste dite Les Israélites de Paris. Son ami Laszor Kagan dont la famille reste également très attachée aux Amis Israélites de France présidait la Société La Solidarité.
Elles ont fusionné pour devenir les Israélites de Paris et la Solidarité et à l’initiative de David Kornicki, sur proposition d’autres amis proches, Armand Kargeman et Mendel Huberman, ils sont tous venus rejoindre il y a quarante ans les Amis Israélites de France et David Kornicki en fut le vice-président.
David Kornicki fut un homme “magnifique “, dévoué et le souvenir qu’il laissera à tous est sa gentillesse. Notre président Alain Kaminski lui remettra dans les Salons du Pavillon Dauphine la Médaille d’Or des Amis Israélites de France, geste de reconnaissance attribuée à quelques personnes seulement depuis la création des AIF en 1930.
C’est lui qui insufflera à notre actuel président la dynamique pour pérenniser notre Société mutualiste qui, fait rare, entre dans sa dernière décennie avant de fêter son centenaire.
Les liens entre notre président et David Kornicki étaient très étroits, ils le sont encore avec toute sa famille et font montre de la détermination des membres des Amis israélites de France qui ont su transmettre ces liens de génération en génération.
David Kornicki était né le 30 janvier 1912 à Mordy en Pologne. Il exerçait en France la profession de chapelier. Il épousa Mindla Kaplon, couturière, eurent deux enfants, Tomy et Raymonde, membres assidus des AIF avec leur famille.
Avant la guerre, il devint français et fut en toute logique appelé sous les drapeaux et ce, pour deux ans. C’est lors de ses permissions régulières, lorsqu’il revint chez lui au 59 rue du Fg du Temple à Paris qu’il passa son dimanche à rassembler les enfants dans la cour de l’immeuble pour leur apprendre à marcher en rang, à se mettre au garde-à-vous, à saluer, il se faisait instructeur militaire à chaque permission. Mais plus tard il sera fait prisonnier dans un stalag et ses journées furent consacrées à casser des pierres par tous les temps et à lutter contre l’épuisement. Son salut lui vint de l’idée de se renverser “accidentellement” une casserole d’eau bouillante sur le pied, il obtint suite à ces brûlures une tâche moins ingrate.
Au lendemain de la guerre, il ouvrit une petite boutique de vêtements pour hommes Place des Fêtes dans le XXème arrondissement mais il n’avait vraiment pas l’âme d’un commerçant, il avait appris un mot en français qu’il adorait, “un tantinet”, tout était un tantinet trop grand, un tantinet trop petit, un tantinet trop clair ou trop foncé, bref sans qu’elle fût un tantinet quoi que ce soit, la faillite fut rapidement au rendez-vous pour le laisser retourner à sa véritable formation de chapelier, plus précisément casquettier chez un employeur où il fera sa carrière.
Les amis ne lui manquaient pas, Simon Fichel, Aron Isambert, Zelman Figlarz, l’adorable Isaac Gevertz et l’élégant Srul Bielinski qui impressionnait tout le monde lors des banquets, toujours en blazer blanc et oeillet rouge à la boutonnière. Avec eux, il animait ce groupe lorsqu’ils rejoignirent ensemble les Amis israélites de France.
David Kornicki nous quitta le 13 août 1996, il reste une figure marquante des Amis Israélites de France.
Bonjour Alain et les Amis,
je suis très ému par ce portrait de mon grand-oncle.
Bien à vous, un salut ensoleillé de Marseille,
Stéphane Cohen