Portrait : Golda Rozen, née Lifchitz (1917-2000)
Par Jacques Rozen, Jérémy Rozen et Alain Kaminski
Son nom comme son livre de recettes de cuisine a fait le tour du monde.
Il fut demandé et envoyé dans toute la France, en Belgique et en Suisse, au Canada et aux USA mais aussi à Santa Maria en Colombie pour le restaurant de notre cher Remi Laurent, aussi au Venezuela, en Afrique du Sud et en Australie et trois exemplaires au… Botswana pour le patron d’un restaurant de Gaborone, la capitale, qui les commanda pour proposer à ses clients du bortch.
Mamie Golda est bien connue des AIF. Ce sont ses recettes qui ont également contribué à répondre à l’attente du lectorat de notre newsletter et nous éditons et rééditons continuellement son livre, aujourd’hui accompagné d’un CD, de sa voix, de sa Mémoire.
Derrière son nom et son prénom, on découvrira Olga Golda Rozen, née Lifchitz en 1917 à Pinsk (en Biélorussie).
A 17 ans, elle décide de quitter ce qui était l’Union soviétique.
Elle en est empêchée à la frontière mais tente de nouveau et réussit finalement à rejoindre Paris. Malgré tout ce que vous pouvez éventuellement observer dans ses écrits fortement influencés sur le plan syntaxique et orthographique par son yiddish maternel, elle suit non sans mal mais avec assiduité des cours de français à l’école des langues orientales, l’actuelle Inalco.
D’aucuns affirmeront plus tard qu’elle devait sans doute avoir un piètre professeur.
Pendant la guerre elle se marie avec Joseph Rozen et ils seront cachés par une famille de Levroux dans l’Indre, la famille Prévault. Sa belle-fille Chantal Rozen constituera un dossier sur cet épisode à cette époque de la guerre et cette famille recevra la Médaille des Justes parmi les Nations.
Sa vie professionnelle se déroulera ensuite derrière une machine à coudre, à faire des jupes, pendant que son mari dirige un petit atelier de cuir mais elle trouvera davantage un épanouissement derrière les fourneaux. C’est grâce à cette expérience de cuisinière et surtout de pâtissière que nous devons les fameuses recettes qui nous régalent tant. Recettes à lire à haute voix bien sûr avant de les mettre en pratique. Bien entendu Olga dite mamie Golda a été une sociétaire de longue date des AIF, elle recevra en 1995 la Médaille de la Ville de Paris lors d’un grand banquet de la Société, décoration qui lui sera remise par Claude-Gérard Marcus, adjoint au maire, au nom de Jacques Chirac alors maire de Paris.
Claude-Gérard Marcus, fondateur du MAHJ, le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, était très proche des Amis israélites de France et avait beaucoup d’admiration pour Mamie Golda. Il avait tenu à faire exposer en emplacement choisi ses livres de recettes à la boutique du musée. Belle marque d’affection.
Avec son mari Joseph, elle eut un fils, Jacques, qui est aujourd’hui vice-président des Amis Israélites de France. Peu de gens l’ont entendu parler de son fils prénommé Jacques car elle ne savait dire que “mon Jacky”. C’était mon Jacky par-ci, mon Jacky par-là, le tout-Paris avait fini par s’habituer jusqu’à lui demander comment va “mon Jacky”.
Elle était très fière de sa belle-fille Chantal qu’elle adorait, ce fut magnifique.
Ils lui donnèrent deux enfants, Jeremy et Deborah qui à leur tour assuraient la descendance de Mamie Golda avec cinq petits-enfants, Lili, Samuel, Max, Joshua et Ezekiel. Elle n’en connaîtra qu’un seul, Samuel.
Sa belle-fille Chantal Rozen, poursuit avec beaucoup de respect l’héritage culinaire qui lui a été légué en préservant soigneusement tous les écrits, recettes et aussi poèmes. C’est ainsi que la transmission semble se faire parfaitement car aux dernières nouvelles son arrière-petit-fils Ezekiel Wargon commence une grande carrière de cuisinier, à domicile quand même. Espérons qu’il saura bénéficier du savoir transmis, qu’il saura avec ses plats consistants venus d’Europe de l’Est réchauffer nos corps comme nos cœurs. Après des années de veuvage, mamie Golda quittait ce monde en l’an 2000. Son judaïsme lui était chevillé au corps, elle était juive dans l’âme, dans l’attitude, dans la pensée, dans le rapport humain jusqu’à rendre ses maladresses délicieuses.
Deux jours avant de rendre son dernier soupir dans une petite clinique d’Aulnay-sous-Bois, elle reçut la visite de notre président Alain Kaminski.Il n’oubliera jamais ses dernières paroles lors de la visite du médecin. “Est-ce que vous souffrez Madame Rozen?” “Oy, jé souffre éïnormémon y jé svouaite à aunquine jvif dé souffrir comme moua”.
Magnifique !
Bravo pour le portrait très ressemblant, mais je me permets deux petites corrections mineures : J’ai eu le bonheur de bien connaitre Mamie Golda et de partager avec elle les bons gateaux, mais pour être exact il faudrait rectifier trois choses :
– elle n’a jamais eu de mal pour suivre les cours de français à ce qui est devenu l’Inalto.
– elle rajoutait “schepselet” quand elle parlait de son fils.
– Un ajout : sur la photo de mariage publiée figure la grand-mère de notre Président et de notre Trésorier. Elle est en bonne place à côté du marié.
Bonjour,
J’ai beaucoup apprécié cet article.
J’ai eu l’honneur de rencontrer à plusieurs reprises Mamy Golda dont je garde vous vous en doutez un excellent souvenir.
Je vous adresse mes très sincères amitiés, et plus particulièrement l’expression de sentiments fraternels aux responsables de votre belle association.