Portrait : René David Saban (1914-2006)
Par sa fille Chantal Rozen
René David Saban naît à Sfax en Tunisie le 26 avril 1914. Il est le septième et dernier enfant de Gina Ankri et Joseph Saban. Il a vingt ans d’écart avec sa sœur aînée. René a une jeunesse très agréable à Sfax, il a deux passions, ses copains des groupes de jeunesse, les éclaireurs israélites, mais aussi la boxe. Son premier métier, bijoutier l’amène à s’installer dans la médina mais très vite il décide d’aller à Paris où vit déjà un de ses frères, Léon.
Il s’installe dans le 15ème arrondissement et réussit à traverser les années de guerre en restant à Paris. Pour échapper aux nazis il a des faux papiers qu’il gardera toute sa vie. Il retire son prénom David et change sa date de naissance. Quand il est arrêté, il parle en arabe pour que les nazis ne s’aperçoivent pas qu’il est juif. Mais il lui faut quitter Paris pour la zone libre, il arrive dans le département des Deux-Sèvres où il trouve refuge auprès d’un homme de cœur qui était cordonnier et marchand de chaussures, Monsieur Amiot.
Toute la famille gardera des relations amicales avec lui et sa famille.
À la libération, il prend des cours du soir et devient comptable. C’est à cette époque qu’il rencontre une belle blonde aux yeux bleus, Lucienne, d’origine Lorraine, descendante de la famille Hanneau. Il l’épouse, ils ont trois enfants, Chantal, Gérard et Evelyne, tous membres des AIF.
Tous les soirs il leur raconte des histoires de son pays, soit des histoires drôles, soit des histoires qui avaient un personnage inquiétant comme héros, Karboun (le Charbonnier). Et ces mêmes histoires, il les racontera plus tard à ses petits-enfants en se déguisant, il aimait être un peu farceur et faire rire. Ils se souviendront toujours des déguisements qu’il prenait, des blagues qu’il faisait. Alors qu’il vivait avec Lucienne et ses trois enfants dans un trois pièces, il accueille sa nombreuse famille lors de leur rapatriement de Tunisie et les aide à s’installer en France.
René était très attaché aux Amis Israélites de France, il en était un sociétaire de longue date et ses trois enfants sont sociétaires également. Son gendre Jacques en est aujourd’hui vice-président, son petit-fils Jeremy membre du Conseil d’Administration, ainsi que le mari de sa petite-fille, Alexis. En 1999, à la naissance de son arrière-petit-fils Samuel, le Bureau offrit un petit paquet de cartes de visite sur lesquelles on pouvait lire : Samuel Wargon, futur président des AIF. Cette carte de visite est dans les archives des AIF.
Avec Lucienne ils ont eu le bonheur d’avoir huit petits-enfants et vingt deux arrières petits-enfants qu’ils n’ont hélas pas tous connus. René a consacré sa vie, avec Lucienne, à transmettre une éducation juive. Parallèlement, avec ses frères en Loge, il reconstruisait le temple de Salomon, mais en attendant de reconstruire le Temple, il passait tous ses loisirs à bricoler et à aménager leur petite maison de campagne dans l’Yonne. C’était un parfait bricoleur, toujours disponible.
Il nous quitte à 91 ans, en janvier 2006, entouré de tous les siens. A la demande de Lucienne, son prénom David sera gravé sur sa tombe. Lucienne décédera en septembre 2008.