Billet : Elections législatives, le grand louvoiement

Par Alain Kaminski

Ces élections européennes nous laissent un goût amer. Quel spectacle, quelle tristesse. On oscille entre le vaudeville et la tragicomédie, on dodeline, on louvoie. Des résultats prévisibles puis l’imprévu qui arrive comme un boulet avec une dissolution de l’Assemblée Nationale et une pagaille d’envergure olympique. Loin de moi l’idée de suggérer une quelconque consigne de vote, ce n’est pas dans les dispositions de ma nature mais je m’interroge sur une obligation de vote qui demeure un devoir en tant que citoyen et cette fois-ci en tant qu’électeur juif. Serons-nous confrontés à faire un choix entre la peste et le choléra ? Deux courants sont en campagne permanente et prendre une position peut bel et bien se révéler un choix cornélien.
Un Rassemblement National dont les valeurs donnent la nausée, dont les militants de base, souvent hoirs de l’Etat français, restent nostalgiques d’une période que l’on qualifie de page sombre de notre Histoire. Quelle confiance peut-on accorder à une telle formation politique sans véritable programme économique au demeurant et dont le programme ne consiste qu’à se dédiaboliser ? Cette droite extrême n’est-elle pas restée d’extrême-droite ?
A gauche, des écologistes qui ont abandonné depuis très longtemps l’écologie pour faire de la politique de bazar en dernière démarque, des socialistes peu ou prou ressuscités grâce à Raphaël Glucksmann lui-même écarté dans les minutes qui ont suivi sa performance par les caciques de son parti qui l’ont amené à rejoindre une armée d’insurgés fous furieux concoctée par la France insoumise, spécialisée dans les alliances contre nature, dans les mariages de la carpe et du lapin. Ce parti socialiste qui a distribué des espérances pendant la campagne des européennes a de nouveau vendu son âme pour un plat de lentilles dans le dos de ses électeurs. La France insoumise a toujours pour mission de balayer d’un revers de manche les fondements de la laïcité, de permettre à l’antisémitisme d’avoir pignon sur rue, un fonds de commerce devenu sa vitesse de croisière et celles et ceux qui la rejoindraient se couvriraient de honte. La subvention morale à l’antisémitisme, des drapeaux palestiniens dans l’hémicycle, des accusations de tous les maux à l’endroit du peuple juif qualifié de génocidaire, des universités refoulant les étudiants juifs, ce n’est pas notre France, celle que nos aïeux avaient choisi pour notre avenir. Enfin, les autres formations, une droite modérée ou une gauche frileuse où chacun flirtera avec le diable pour sauver sa propre circonscription ou plus fréquemment sa situation personnelle. Alors que faire ? Le dilemme est assurément cornélien. La France Insoumise, ses partenaires et ses militants assoiffés de haine, déguisée en Front populaire saison 2, c’est un peu l’antisémitisme labellisé « Gaz à tous les étages », c’est une communauté juive grièvement blessée et en urgence absolue. Le Rassemblement National c’est indubitablement le produit estampillé SGDG, sans garantie du gouvernement, un saut dans l’inconnu sans savoir si le parachute va s’ouvrir.
On attendra encore quelques jours et peut-être se dégagera une force républicaine qui nous permettra de nous positionner dans une sérénité tant attendue et, pour certains, de ne pas faire un mauvais pas de côté. Puisse cette force républicaine rassembler ce qui est épars.