Billet : Prime aux agresseurs

Par Alain Kaminski

Quand un gouvernement cherche 60 milliards d’économie, il doit commencer par faire des économies. Pour ce faire, éviter les dépenses inutiles. Grignoter les retraites, les aides sociales ? Les pistes sont aussi nombreuses qu’impopulaires.
En matière de dépenses, il y a celles qui heurtent l’opinion publique. La dernière en date est la décision d’octroyer 100 millions d’euros afin d’aider les Libanais déplacés. On croit rêver car depuis un an, 60 000 israéliens sont déplacés, ont dû quitter le nord du pays qui subit des attaques de roquettes et de drones chaque jour mais pour le président, il ne s’agit pas de déplacés car l’idée c’est que la France doit aider les Libanais, aider en quelque sorte l’agresseur. Le président de la République ne semble pourtant pas ignorer la situation au Liban, pays dont il disait il n’y a pas si longtemps que la corruption avait mité la classe politique. Il veut l’ignorer tout simplement comme il veut ignorer que ces 100 millions d’euros seront immédiatement détournés par le Hezbollah à l’instar des convois humanitaires détournés à Gaza par le Hamas qui a organisé un marché noir à ciel ouvert. Le président ajoute qu’Israël préfère au Liban la barbarie à la paix. Le choix du terme barbarie est choquant, il nous interpelle sur le réel sentiment du président à l’endroit du peuple juif en général, de la communauté juive de France en particulier. L’usage du terme barbarie quand Israël est agressé de toutes parts donne de l’insignifiance au 7 octobre, mais il n’en a cure.
Mais le pire est sans doute à venir dans ce monde politique que l’on découvre chaque jour. L’antisémitisme est aujourd’hui décomplexé sur la place publique. Prendra-t-il la même forme dans le débat politique ? Bernard-Henri Lévy n’a pas hésité à pointer un fond naturel et ressurgissant d’antisémitisme chez Dominique de Villepin. Les philippiques de Jean-Luc Mélenchon nous ont donné le « la » de sa personnalité, ils sont à l’origine de la recrudescence des actes antisémites. Et si le président Macron devait les rejoindre un beau matin ? Nous tomberions de haut, me semble-t-il. Il n’y a rien de plus désolant que d’être trahis et nous sommes en passe de vivre cette situation face à un monarque borné dans son pouvoir et qui se hisse dans son arbitraire. Habité de la fureur d’étonner, il est à craindre que le masque de l’impassible ne tombe très prochainement.
L’antisémitisme d’extrême-gauche a désormais pignon sur rue, l’extrême-droite ne semble plus en faire son cheval de bataille mais restons prudents, l’arc républicain avec le soutien des médias répand son venin sur Israël. Nous vivons une triste époque, celles d’une convergence des haines.