Quand l’antisémitisme enfile un gilet jaune

Pourquoi un jour, on est aimé, et pourquoi un jour, ne l’est-on plus ?

On pourrait attribuer cette interrogation à de nombreux mouvements sociaux qui ont traversé les décennies de ces deux derniers siècles.

Désormais un mouvement social, dont on observe chaque jour les dommages collatéraux, agonise et c’est ce que la Communauté juive pouvait espérer de mieux car il avait pris son élan vers le pire et du populisme il en possédait tous les nécessaires prérequis.

Ce mouvement des gilets jaunes est en train de se draper d’une légende, celle de la haine. C’est bien dommage pour lui car il s’était avancé l’hiver dernier en visiteur surprise et des millions de français partageaient le désoeuvrement de ceux qui se voulaient sincères.

Il a séduit au début mais n’a pas su ajouter du relief à sa séduction, il a d’emblée voulu de sa croissance faire une épopée.

Mais la gloire au fil du temps s’est dérobée devant lui, le mouvement s’est laissé, sans piper mot, infiltré par les antisémites de service dans de pareils rassemblements, et son silence l’a rendu complice.

Les propos antisémites tenus par des hommes à visage découvert et proférés à l’endroit d’Alain Finkielkraut ont, certes, donné lieu à une réprobation du chef de l’Etat et à l’indignation du ministre de l’Intérieur mais les partis politiques n’ont pas réagi immédiatement comme ils auraient dû le faire. L’extrême droite et l’extrême gauche susurrent que l’antisémitisme est un fléau mais ils s’en accommodent parfaitement.

La faiblesse des gilets jaunes s’affiche désormais au grand jour car ils ne sont même pas aguerris à l’art de disparaître. Pis, ils s’efforcent encore de paraître quand le cœur n’y est plus et les quelques meneurs qui ont voulu s’inscrire dans l’Histoire d’une nouvelle révolution ont vite appris que leur désir de postérité semblait mal parti.

Il fallait s’y attendre car dès le début, ce mouvement vaporisait un parfum de haine d’où émanait une senteur malsaine.

Après dix-huit semaines de manifestations émaillées par les casseurs et les pillards, le mouvement ne fait qu’entretenir son apparence, il n’est même plus maître de son répertoire et son obsolescence non programmée le verra indubitablement s’échouer au pied des falaises du pouvoir. C’est sans doute la meilleure issue car nous avons la chance de vivre dans un espace républicain.

Mais de cette République nous attendons quelque chose !

Les arsouilles qui ont agressé Alain Finkielkraut ont montré leur visage aux caméras, seront-ils rattrapés par la justice dès lors que les propos antisémites tenus sur la voie publique constituent un délit ?

C’est bien de cela qu’il s’agit !

Alain Kaminski