Billet : Un patronyme qui reste nauséabond

Par Alain Kaminski

La disparition de Jean-Marie Le Pen ne plongera pas la communauté juive dans le chagrin, nul n’en disconviendra. L’homme a collectionné les condamnations pour propos antisémites et n’avait jamais rien regretté quant à la teneur d’iceux.
Jean-Marie Le Pen est mort mais n’était-il pas déjà passé de vie politique à trépas médiatique depuis fort longtemps. Il était un peu mort de son vivant pour faire simple et la gloire s’était dérobée ne lui laissant qu’une pathétique survie. Ses postures et son arrogance avaient déjà provoqué l’absence de ses fidèles, nostalgiques d’un triste passé. Ainsi, il s’efforçait de paraître quand le cœur n’y était plus, ce cœur qui s’est arrêté de battre après une longue agonie politique. Le reprise de ses idées reconditionnées par sa descendance lui avaient enlevé tout désir de postérité, lui qui ne s’était jamais entraîné à l’art de disparaître. La non-conformité de sa généalogie avait fait de lui un fantôme qui ne trouvait jamais son chemin pour réapparaître, ses idées furent emportées par un vent de dédiabolisation lequel n’a peut-être malheureusement pas tout emporté sur son passage. Certes, l’antisémitisme a changé de fournisseur.
Il n’est plus livré clef en main par le parti politique fondé par Jean-Marie Le Pen mais par un autre, fondé par un certain Jean-Luc Mélenchon dont les propos haineux à l’égard d’Israël et à l’endroit de la communauté juive se conjuguent pour s’intégrer parfaitement dans l’agenda politique de l’islamisme. L’extrême-gauche, en proposant l’abolition de la loi condamnant l’apologie du terrorisme, inquiète davantage la communauté juive que les caciques vieillissants de l’extrême-droite en France. Jean-Marie Le Pen avait sans doute rêvé de donner au récit de sa vie les tournures d’un roman mais cela semble à tout le moins un peu raté. Quelques fidèles suivront sa dépouille avec compassion mais nul ne tombera en défaillance à son passage car, somme toute, il n’aura pas fait de son existence un miracle, encore moins un avenir pour la France car la haine de son prochain avait entre-temps rongé son âme. La vie politique avait vaporisé autour de lui un parfum nauséabond jusqu’à repousser ses très proches dont le patronyme reste fétide pour le vulgum pecus. Jean-Marie Le Pen avait rêvé d’entrer dans l’Histoire en se drapant d’une légende mais l’Histoire est exigeante, elle a dévoré le belluaire sans état d’âme.
Jean-Marie Le Pen prétendait répandre des vérités acquises mais force fut de constater qu’il n’en détenait aucune, aussi lui manquait-il de la sagesse pour présider à la construction de cet édifice qu’est la France.