Patronymes : Pas si évidents

Par Alain Kaminski

Certains patronymes ashkénazes, peu fréquents, se transmettent depuis des générations mais leur juste signification n’est pas toujours évidente même pour les yiddishistes chevronnés.
Si Musicant ou Musikant signifient bien musicien, Fabricant ou Fabrikant étaient souvent portés par le propriétaire d’une petite usine et non pas par le petit artisan du coin. On rencontre parfois des Trafikant ou Traficant. Ils ne sont pas des voyous, ce nom était donné pour des marchands de tabac et que l’on retrouve avec plus de précision avec les Tabakman, Tabachnik ou Tabasznik, plus spécialisés dans le commerce du tabac à priser.
Plus fréquents aussi, les Spector ou Spektor et même Szpekter peuvent s’assimiler à un inspecteur mais ces noms étaient attribués plus communément à un professeur particulier, à celui qui était chargé de l’éducation, le précepteur en quelque sorte. Autre curiosité qui prêterait à toutes les confusions pour tous passionnés d’anthroponymie, il y avait en Pologne des Interligator où, écriture hébraïque oblige avec ses voyelles inexistantes, des Introligator. Ce patronyme était souvent celui des relieurs, peut-être ceux attachés à la restauration des livres. Mais quand le lien est avec le latin de ligature, alors le relieur est celui qui travaille sur les tonneaux, le Binder en allemand.
Enfin, n’oublions pas le fameux et très répandu Milgram, parfois Milgrom ou Milgroum, et je me souviens que les gosses dans les écoles pensaient que cela correspondait à un kilo.
Que nenni ! Milgrojm signifie tout simplement en yiddish une grenade, grand fruit de la bible, grand symbole du judaïsme, c’est elle qui est sur toutes les tables le soir de Roch Hachana.