Musique : William Sheller, un homme heureux

Par Dany Sebon

Je voulais aujourd’hui susciter en vous l’envie de découvrir ou de redécouvrir l’un des plus extraordinaires musiciens accessoirement connu comme chanteur du nom de William Sheller.
Rares sont les musiciens de cette trempe à part Véronique Sanson et il n’y a pas vraiment d’équivalent dans l’hexagone au niveau des chanteurs, compositeurs et interprètes jouant de plus magnifiquement du piano.
William Sheller fêtera ses quatre-vingts printemps l’an prochain et le petit garçon franco-américain quasiment abandonné par son père (qu’il imagine être son père) et élevé par sa maman et son beau-père aux Etats-Unis au début de sa vie, s’en est bien sorti quand même.
Il côtoya à l’époque quelques musiciens de jazz qui étaient amis de la famille avec entre autres futures stars Miles Davis, mais Sheller se dirigera par la suite vers des musiques plus populaires.
A l’âge de sept ans environ, William Sheller revenu en France a eu l’extrême chance de recevoir une éducation musicale classique depuis sa tendre enfance et cette influence s’est sacrément ressentie dans une grande partie de son œuvre.
Les orchestrations à caractère symphonique furent prépondérantes chez le musicien surtout sur la deuxième partie de sa carrière qui est celle au cours de laquelle il composa ses chansons les plus ambitieuses et sophistiquées laissant libre cours à une inspiration débordante.

Pourtant William Sheller débuta sa vie de musicien avec un titre d’un groupe français, Les Irrésistibles, qui fut chanté en anglais, il s’agissait de My year is a day, qui obtint un gros succès à la fin des années soixante.
Après cela Sheller composa des petites choses avant d’en arriver à créer une œuvre plus que conséquente qui fut une sorte de messe psychédélique offerte à des amis et qui se nommait Lux Aeterna.
Cette œuvre ambitieuse a reçu un succès d’estime à l’époque mais aujourd’hui ce disque est devenu culte et se vend à prix d’or partout et principalement au Japon.
Le chanteur eut aussi l’opportunité de rencontrer l’immense Barbara qui eut l’occasion de le découvrir par le biais de Lux Aeterna, elle avait énormément apprécié son travail de composition, et lui proposa de le loger chez elle pour l’aider à la création de son futur album.

C’était le début d’une grande carrière qui se traduisait par la sortie du premier tube Rock’dollars et qui le propulsa en haut des hit-parades.
C’est grâce à cette chanson qu’il se fit véritablement connaître du grand public sous son propre patronyme en soixante-quinze et qui devait lui ouvrir toutes grandes les portes du show-biz.
Depuis ses début William Sheller a composé environ 28 albums, studio et live compris, tous passionnants aussi bien dans le registre pop-rock que dans le registre classique qui fut son terrain de prédilection.
Il avait trouvé la formule gagnante comme sur la chanson Le carnet à spirale issue de son premier album Dans un vieux rock’n roll.
William Sheller révélera après cela sa véritable identité musicale consistant à un juste compromis entre la pop musique et le classique avec le titre Symphoman tiré de l’album éponyme.
C’était le début d’une grande aventure artistique, si bien qu’un jour il dut donner son piano en réparation lorsqu’une amie l’invita chez elle et il se trouve qu’elle était fan des Beatles.
Il découvrira ainsi le rock mélodique car l’univers de Lennon Mc Cartney fut largement compatible avec celui de Sheller et donna naissance à plusieurs compositions dans l’esprit de ces deux géants de la pop musique.
La personnalité du musicien était néanmoins extrêmement forte, il avait un don incomparable de la mélodie qu’il démontra largement sur Nicolas un de ses plus beaux morceaux.

Si l’on doit mentionner deux albums phares du compositeur, on ne peut qu’évoquer l’ album Univers paru en 1976 qui fut la parfaite synthèse entre les deux styles précités. Pour apprécier pleinement cet album il est conseillé d’écouter religieusement Le nouveau monde, qui reflète exactement l’atmosphère recherchée par le musicien. Par la suite, on devra savourer le titre Le témoin magnifique tiré de l’album indispensable Ailleurs paru en 2010.

William Sheller est à présent à la retraite, néanmoins il continuera certainement à composer mais il ne se produit plus sur scène quoiqu’un concert acoustique à deux pianos était prévu avec son alter égo féminine Véronique Sanson mais il n’a pu voir le jour à cause du covid.
Sa chanson Un homme heureux, le plus gros succès du musicien à ce jour confirme qu’il a bien vécu et laissera derrière lui un patrimoine musical de grande envergure.
Son titre Simplement, encore une composition de haut vol, un morceau de l’album éponyme peut aussi constituer un testament musical, bien que Sheller soit encore bien vivant.
On ne sait jamais, l’inspiration peut revenir et on ne souhaite que cela, que William Sheller se remette au piano et nous gratifie encore et encore de ses notes somptueuses et intemporelles qui resteront gravées éternellement dans nos mémoires vives de mélomanes.