Billet : Attention aux pensées sélectives

Par Alain Kaminski

Le Président de la République l’a bien rappelé au lendemain de l’échange houleux entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky et à la faveur de son intervention télévisée « Dans cette guerre entre la Russie et l’Ukraine, il y a un agresseur et un agressé, et d’ajouter quelques jours plus tard, que « la Russie n’est plus digne de confiance, qu’elle est une menace réelle pour la paix en Europe ». Il a parfaitement raison, nul ne pourrait en disconvenir.
Mais sur un air doucereux, il pateline et son propos ne passe plus faute de crédibilité, faute d’envergure politique. Quand on s’exprime de la sorte, le discours ne doit pas avoir d’antécédents sélectifs, la cohérence doit toujours être au rendez-vous. Le président a maintes fois navigué, louvoyé, il avait osé d’ailleurs transformer des agresseurs en agressés à l’instar des criminels palestiniens agresseurs qu’il a considéré comme agressés en refusant de livrer des armes à Israël pour se défendre.
Il regrette l’humiliation infligée au président ukrainien mais subit lui-même celle du gouvernement algérien. Il assiste à travers toute la France à une déferlante d’antisémitisme organisée par des groupes parlementaires à la solde d’un parti d’extrême-gauche qui bichonne ses élus comme une harde protège ses zébreaux, sans proposer la dissolution de cette formation alors qu’elle prône l’abolition de la loi condamnant le terrorisme, qu’elle crache sa haine des juifs au quotidien. Finalement, il arrive à s’émouvoir de tout sans ne jamais rien ressentir, un intermittent du cœur en quelque sorte.
Son émotion, on l’attendait pour réagir en voyant le Hamas échanger des cadavres contre des criminels.
Son émotion, on n’y croit plus pendant que des terroristes détiennent des otages qu’ils laissent mourir ou qu’ils assassinent jusqu’à étrangler des enfants.
S’il veut devenir le maître des horloges en Europe, qu’il commence par exiger le jour et l’heure du retour des otages, qu’il le clame haut et fort devant les caméras du monde entier. Les familles des otages ont besoin du soutien des dirigeants du monde entier, c’est le moment ou jamais.
Dans cette arène internationale, le président de la République veut encore guigner un césar du meilleur second rôle mais il n’est nominé que par lui-même et force est de constater que c’est le président américain qui préside le jury. Les USA sont dirigés par un homme d’affaires qui dirige son pays en homme d’affaires, sans rien perdre de sa superbe, avec tous les travers imaginables, l’arrogance et le mépris en décor de vitrine.
La vieille Europe n’arrive même pas à mettre d’accord ses dirigeants, elle n’arrive même pas à éloigner certains de leur sinécure et leur prébende pendant que notre vieux continent s’islamise lentement mais sûrement. Deux guerres menacent l’Europe aujourd’hui, une guerre de territoires avec la Russie et une guerre de civilisations avec l’islamisme.
Il ne faudrait pas que les dispositions préconisées pour l’une effacent le danger permanent de l’autre.
Au banc de l’éloquence, notre président nous apporte ses conclusions mais le discernement reste une priorité quand l’inquiétude grandit.