Cinéma : The Brutalist
Par Dany Sebon
Titre : The Brutalist
Année : 2024
Réalisateur : Brady Corbet
Durée : 3h35
Passionné de cinéma et habitué des salles obscures, j’ai pris un infini plaisir en assistant à la projection du film récemment sorti, The Brutalist, et qui fait déjà l’unanimité, mais dont la longueur (3 h 35) peut sembler rébarbative.
Pourtant, il ne faut surtout pas que la durée plutôt longue de ce film vous rebute et soit un handicap vous empêchant de voir une des plus belles œuvres cinématographiques de cette dernière décennie.
Il convient de préciser que The Brutalist est projeté en deux parties, avec au milieu de la séance un entre acte permettant de souffler un peu.

Il s’agit d’une histoire aux nombreux rebondissements d’un architecte juif hongrois se nommant Laslo Toth, incarné de prodigieuse façon par Adrien Brody qui avait déjà fait ses preuves d’acteur hors normes pour le film Le pianiste (2002), de Roman Polanski et dans lequel de nombreux cinéphiles l’avaient découvert.
Il démontra ainsi qu’il était un comédien de génie, et après de nombreux films, il réitère à présent cet exploit en créant cette performance exceptionnelle vingt-deux ans plus tard dans ce Brutalist qui est un film extrêmement puissant où l’acteur se révèle une fois de plus exceptionnel, en interprétant le rôle de cet architecte n’ayant pas réellement existé.
Et pourtant grâce au talent du réalisateur Brady Corbet et des scénaristes du film, on ressent une grande sincérité dans cette histoire extraordinaire dont les intervenants sont tous irréprochables.
Brady Corbet et ses auteurs ont imaginé un personnage fort qui apparaîtrait comme une synthèse de différents immigrés d’origine hongroise, vivant aux Etats Unis à l’époque et ce dans ce contexte si particulier que fut l’après-guerre.
En effet le film se déroule sur une trentaine d’années, et débute après la seconde guerre mondiale, où Laslo Toth, ce héros fictif, survivant de l’Holocauste et rescapé du camp de concentration de Buchenwald, émigre sans famille aux Etats Unis pour sans doute vivre le rêve américain.
Son épouse étant quant à elle bloquée en Europe en raison d’une mauvaise santé, Toth arrive à s’embarquer sur un navire accostant à New York, il la retrouvera quelques temps plus tard, elle était accompagnée de sa nièce.
Une fois descendu du bateau, il aperçoit la statue de la Liberté, puis il prit un car pour Philadelphie où résidait un parent, notre héros (on peut l’appeler ainsi), était architecte de formation, disciple de l’école du Bauhaus avant la guerre.
Au cours du récit, on ne peut que constater les difficultés d’adaptation de Toth sur le sol américain, se heurtant le plus souvent à des propos racistes, voire antisémites, et l’on constate que son insertion dans la société américaine ne fut pas une mince affaire.
On comprend assez vite que le parcours de Toth/Brody fut semé d’embûches et qu’il devait les surmonter grâce entre autres à son talent d’architecte, cependant il était victime d’une addiction à certaines substances et ceci, de fait, contraria et ralentit manifestement ses projets.
Son véritable employeur américain étant de plus un homme au comportement ambigu, dont Toth/Brody aura bien du mal à se défaire en ne comprenant pas vraiment la démarche et la complexité de celui-ci.
L’architecte se servira d’ailleurs de ses compétences professionnelles pour échafauder des sortes de bâtiments ultramodernes pour l’époque, conçus de telle façon que la lumière du jour brillait à des endroits bien précis et calculés en amont, c’était une petite révolution architecturale qui contrastait avec les constructions traditionnelles.
Cette technique d’avant-garde fut très appréciée par ses employeurs et il l’avait certainement développée lors de son internement dans les camps nazis où la lumière du jour était inexistante.
Après un parcours de vie ultra chaotique Toth/Brody et au crépuscule de son existence, il se rendra en Israël pour y terminer sa vie.
Le réalisateur Brady Corbet signe avec The Brutalist une œuvre majeure qui marquera très certainement le septième art par la justesse et l’ampleur de son propos extrêmement bien ficelé.
Mention spéciale bien évidement pour Adrien Brody qui s’est remémoré et inspiré de ses origines hongroises pour donner corps et vie à son personnage haut en couleurs.
Il est une valeur sûre du cinéma américain, un acteur investi de bout en bout durant ce film, arrivant même à se transcender pour ce rôle.
Le jury de la Cérémonie des Oscars d’ailleurs ne s’y est pas trompé en lui décernant haut la main l’Oscar du meilleur acteur de l’année 2024.
Ce grand comédien démontre s’il en était besoin l’étendue de son immense talent, il crève l’écran dans ce film, il se situe dans la mouvance des monstres sacrés hollywoodiens que sont Robert de Niro, Al Pacino, Morgan Freeman ou Jack Nicholson (entres autres géants), et qui ont fait la gloire du cinéma d’outre Atlantique.
J’espère vivement vous avoir donner envie de découvrir ce chef d’œuvre du cinéma contemporain, et si j’y suis un peu parvenu, cela suffira à ma satisfaction, alors rendez-vous dans les salles pour d’autres aventures.