Musique : Pink Floyd Live at Pompeii
Par Dany Sebon
Groupe : Pink Floyd
Concert : Live at Pompei MCMLXXII
Support : Dvd 4K remastérisé + CD
Réalisation : Adrian Maben
Production : Bayerischer ORTF R TBF
A l’opposé de la grande majorité des productions discographiques actuelles, il semble évident que l’album et le DVD dont nous allons parler aujourd’hui font figure d’ovni dans le paysage musical de 2025.
Sur le film dont il est question, les musiciens jouent réellement de leurs instruments une musique qu’ils ont composé et aucun ordinateur ni auto-tune (vocaux synthétiques, ou appareil corrigeant les fausses notes lorsque le chant est approximatif), ne sont intervenus dans la conception originale de ce concert
En effet, en octobre 1971, le groupe légendaire Pink Floyd se réunissait déjà sous l’impulsion de son manager de l’époque, lequel devait convaincre un réalisateur français d’origine écossaise Adrian Maben de tourner ce film atypique.

Celui-ci était réalisé au départ pour le cinéma, il n’était jamais sorti ni en DVD ni en CD, et ceci pour d’obscures raisons, et le fait que ce film fut apparu sur le marché début mai, et ce dans une version restaurée, nous donne l’occasion de nous intéresser à cette œuvre sortant totalement des sentiers battus.
Il se trouve que cet enregistrement live fut conçu sans la présence du public dans un endroit ou la musique moderne n’avait pas vraiment droit de citer.
Chose extrêmement rare et unique en son genre puisque dans ce type de concert la présence du public semble fondamentale. Aussi, cet évènement eut lieu dans Les Arènes de Pompei totalement vides de spectateurs,
Cet endroit mythique, dédié jadis aux jeux romains ou aux gladiateurs, accueillait pour la première fois en son sein un groupe « phare » de la scène rock.
S’il est bien une formation originale pour l’époque, c’était certainement Pink Floyd, et cette idée vaguement saugrenue au départ de les faire jouer dans des arènes désertes fut finalement extrêmement novatrice et correspondait tout-à-fait à la musique hors normes du groupe anglais.
Pink Floyd fut une des formations les plus célèbres des années soixante-dix, et si aujourd’hui les influenceurs sont « tendance », ces quatre musiciens d’exception furent avec Genesis, Yes et King Crimson (entre autres) les fers de lance d’un mouvement appelé « progressif », ils influencèrent toute une nouvelle génération de musiciens.
Ce courant musical ne se ressentait pas immédiatement lors de ce concert, car le groupe Pink Floyd jouait au début de sa carrière dans un registre plutôt « psychédélique », et sa musique fut souvent associée aux différentes drogues de l’époque car bien souvent les thèmes musicaux étaient assez planants et forçaient à la rêverie sous toutes ses formes.
D’ailleurs un des fondateurs du groupe, le brillant Syd Barrett était un artiste assez marginal, il eut de sévères problèmes psychologiques et dut quitter le quatuor.
Il fut remplacé par un guitariste, compositeur de génie en la personne de David Gilmour qui apporta tout le côté mélodique aux compositions assez torturées dans l’ensemble.
Le claviériste Richard Wright était un excellent musicien, décédé il y a quelques années à l’âge de 65 ans. Le batteur Nick Mason tenait parfaitement les percussions, quant à Roger Waters, qui composa avec David Gilmour la quasi-totalité des musiques de Pink Floyd, il fut doté d’une mégalomanie débordante et avait de surcroît des idées politiques nauséabondes, notamment à l’égard d’Israël, ces idées desserviront son œuvre dont l’apogée fut cependant l’album The Wall en 1979.
Les autres albums majeurs des Britanniques furent aussi Ummagumma, Meddle, Atom Heart Mother, Animals, et Dark Side Of The Moon sur lequel ils composèrent leur plus grand tube Money et le disque qui à mon sens fut le plus emblématique Wish You Were Here aux thèmes les plus mélodiques signés Gilmour.
La longue carrière du groupe durera quand même 53 années en tout, le groupe se séparera en 1983 et après une longue bataille juridique le nom de Pink Floyd fut conservé par David Gilmour et Nick Mason donnant naissance à plusieurs albums avant de disparaître définitivement après la séparation de leurs deux protagonistes Waters et Gilmour.
Le concert dont il est question sur ce film est tout à fait représentatif de l’esprit du groupe à ses débuts et n’est pas aussi marquant dans le répertoire de Pink Floyd que les disques précités. Néanmoins, c’est un mélange de morceaux à vocation psychédélique et des titres un peu plus mélodiques tels que Echoes qui est une composition longue de 21 minutes, inhérente aux musiques progressives qui ont émaillé les années soixante-dix. Il faut préciser que le concert joué sur ce DVD-là est entrecoupé de séquences d’interviews et de répétitions du groupe assez intéressantes qui apporteront une vision plus précise et plus vivante de leur travail en studio.
Pour terminer si l’on doit enfin découvrir Pink Floyd, et mieux vaut tard que jamais, ce film n’est pas indispensable mais néanmoins il représente beaucoup pour tout amateur et passionné de rock au sens large du terme.
En conclusion, on ne peut que constater qu’à l’instar des Beatles ou Genesis, on écoute encore avec plaisir et avec autant d’intensité et de délectation la musique de Pink Floyd cinquante ans après sa création. Ces musiques ont donc traversé le temps, et de fait n’ont pas pris une ride et en ce sens on peut les considérer à tout le moins comme des « classiques du futur ».