Billet : Quand l’antisémitisme s’érige en dogme

Par Alain Kaminski

Chaque année en ce début de mois de juillet je repense à cette commémoration de la rafle du Vel d’Hiv et précisément celle qui se tint le 16 juillet 2000, il y a 25 ans. Le gouvernement d’alors se fit représenter par un de ses membres placé au… 17ème rang protocolaire, le ministre délégué à l’enseignement professionnel, un certain Jean-Luc Mélenchon.
J’étais présent à cette cérémonie et je me souviens de ses propos empathiques à l’endroit des juifs de France, de cette compassion pour les orphelins de la déportation, de cette proximité déclarée pour la communauté juive. Il se félicitait du décret du 14 juillet 2000 établissant réparations pour les enfants dont les parents furent déportés. Il reconnaissait la représentativité du Crif qu’il considérait comme un interlocuteur très écouté par le gouvernement Jospin qu’il représentait ce jour-là. Mon défunt père, ancien déporté, à mes côtés ce jour-là, se retournerait aujourd’hui dans sa tombe s’il apprenait que le personnage est devenu l’homme qui attise au quotidien la haine des juifs, qui a considéré que le pogrom du 7 octobre n’était qu’un acte de résistance, qui a dit que l’incendie de la synagogue de la Grande-Motte était une atteinte à la liberté de croire, qui laisse ses proches affirmer qu’Israël installe des camps de concentration à Gaza.
Jean-Luc Mélenchon tient aujourd’hui des discours de haine, la politique a laissé place à l’antisémitisme qu’il veut dogmatique.
Au banc de l’éloquence, certes, il excelle mais pour graver dans le marbre son propos, son burin forme des guillochis conformes aux sourates auxquelles il s’identifie désormais en une forme contractuelle. Il a donc brisé volontairement le miroir devant lequel il se regardait et qui était le seul à lui rappeler qu’il pouvait être lui-même son pire ennemi. L’opportunité s’est substituée aux idées alors il ne parle plus il éructe, il n’explique plus il clabaude et ses affidés courbent l’échine pour ne pas perdre leur mandat parlementaire et alimentaire jusqu’à un secrétaire du parti socialiste tout juste reconduit qui a refusé de se désolidariser d’un programme antisémite. On accepte tout, chaque voix est bonne à prendre, sa garde rapprochée courtisait la marche des fiertés où les communautés LGBT défilaient avec des drapeaux palestiniens tout en sachant que les homosexuels en territoire palestinien et autres pays musulmans sont pendus sans aucune autre forme de procès. Les militants préfèrent patauger dans leur fange plutôt que d’invoquer le droit à l’erreur.
Mais fort heureusement, il reste des hommes politiques courageux, très rares certes, mais des hommes pour lesquels l’honneur a une signification, des hommes capables de rassembler ce qui est épars. Je citerai le député socialiste Jérôme Guedj qui connaît bien Jean-Luc Mélenchon puisqu’il fut son assistant parlementaire il y a une trentaine d’années. L’énarque, qui a claqué la porte de l’entourage de cette gauche abjecte et répugnante, n’a pas hésité à qualifier le tribun de « salopard antisémite » et en guise de regret d’ajouter qu’il s’agissait d’un pléonasme.
Respect Monsieur Guedj et bravo pour votre parole qui a circulé librement.