Portrait : Maurice Goldenberg (1908-1944)
Salut Maurice,
Je sais que tu es né à Paris le 9 mars 1908 au sein d’une famille d’origine russe, de parents qui se sont rencontrés en Turquie, que tu étais le benjamin d’un frère et de deux sœurs.
Je sais que tu as épousé Hélène Rosenbaum le 31 janvier 1935.
Je sais que tu es arrivé au 4ème régiment de Zouaves en 1929 puis chez les tirailleurs tunisiens en 1929.
Je sais que tu as été réincorporé en 1939 et que tu fus nommé sergent-chef de réserve.
Ton épouse, enceinte de moi, partit se cacher en Auvergne dans la commune du Mont-d’Or mais toi, tu voulais continuer de travailler à Paris, persuadé qu’un ancien sergent-chef de l’armée française ne pourra jamais être “inquiété”. Mais tu as été dénoncé par ton employeur dans ton atelier de fourrure, sur ton lieu de travail, “Chez Toumain”.
Tu rejoignis fatalement le camp de Drancy que tu quittas le 30 mai 1944 par le convoi 75 en direction d’Auschwitz.
A la Libération, on t’attribuera cette même date comme fin de ta vie.
Tu appris dans le camp, avant de partir en fumée, par un autre détenu arrivé par le convoi suivant, que tu étais papa d’un tout petit garçon de trois livres qui d’ailleurs ne portera ton nom, Goldenberg, qu’en 1947.
Il ne faisait pas bon encore… de s’appeler Goldenberg le 15 juin 1944 au Mont-d’Or.
Puis tout pouvait rentrer dans l’ordre, enfin presque. Il manquait une sacrée pièce au puzzle comme me le fait souvent remarquer un ami très cher.
Mais comme la petite fiole de Hanouka qui brûla si longtemps, ton nom, à quelques semaines près, ne s’est pas complètement éteint.
Je serai même tenté de dire qu’ils ne t’ont pas eu !
Pierre, ton fils
Alexandre, Sacha et Benjamin, tes petits-enfants,
Giovanni, Ruben, Roméo, Salomé, Oscar, tes arrière-petits-enfants
Nous nous appelons tous Goldenberg.