Portrait : Joseph Cohen (19XX-1945)
Par Catherine Tullat et Michel Roszewitch
Le destin de Joseph Cohen, considéré comme juif en Turquie, turc à l’étranger et apatride sous Vichy.
Joseph Cohen quitte la Turquie en 1923 avec sa famille et s’installe à Paris dans le 11ème arrondissement où vit une importante communauté judéo espagnole. Ce quartier constitue un pôle d’attraction pour les immigrants de l’Empire ottoman. Il se situe entre la place Voltaire, la rue de la Roquette et la rue Sedaine. Au 74 se trouve le café restaurant « le Bosphore » où les nouveaux arrivants y trouvent l’entraide, le travail, ils y traitent aussi des affaires. L’épicentre étant la synagogue au 7 rue Popincourt. Ils étaient artisans et commerçants, souvent spécialisés dans la lingerie, bonneterie, blanc et linge de maison, mais aussi dans l’alimentation.
L’orient était à chaque coin de rue de ce quartier qu’on surnommait « la little Istanbul ». Joseph tenait une échoppe de cordonnerie rue Richard Lenoir. La Turquie était au centre de leur vie : ils mangeaient turc, écoutaient de la musique turque, tous leurs amis étaient turcs.
L’histoire de Joseph et de sa famille, d’Istanbul à Paris est riche en anecdotes pleines d’humour et de fantaisie avant le 20 août 1941, date où Joseph et nombre de ses amis ont été arrêtés et envoyés à Drancy qui venait d’ouvrir. La suite de son histoire est relatée dans ses nombreuses lettres écrites à sa femme de Drancy et par de nombreux témoignages de rescapés et d’historiens.
En octobre 1942, Joseph est déporté à Auschwitz 3 (Blechhammer). Il survit à la marche de la mort, mais meurt du Typhus 22 jours avant la libération des camps. Sa famille est restée 63 ans sans connaître son sort après sa déportation.