Les patronymes : Si Casa m’était conté
Par Alain Kaminski
Je m’en souviens comme si c’était hier. Mon regretté beau-père Meyer Banon me racontait son Maroc adoré et en particulier cette Casablanca qui ne s’était jamais éloignée de son cœur.
La ponctuation de ses histoires étaient les noms de tous ses amis, ses proches. Il y avait des familles pour lesquelles il se faisait l’historien, d’autres dont il était le véritable biographe. Il me mettait en garde pour bien retenir que les Essebag pouvaient être des Sebag, des Sabagh, des Assabag, des Essebakh ou plus rarement des Assbakh et que tous signifiaient en arabe la teinture, un métier très répandu chez les juifs. Donner de la couleur aux étoffes était un art, une spécialité juive depuis des siècles en Afrique du Nord. Et d’ajouter qu’une grande famille de rabbins avait parmi eux des Sebag à Meknès, à Mogador et à Safi et que l’un d’entre eux, Chlomo Sebag, s’installa en Angleterre à la fin du XIXème siècle pour parfaire l’instruction religieuse des enfants de la Perfide d’Albion.
Il n’oubliait sa sympathie pour la famille Fhal, viril en arabe, bien connue pour les pâtisseries de Madame Fhal, non loin du lycée Lyautey, c’est toujours d’actualité et ça ouvre le matin à 9 heures.
Il y avait aussi rue du Commandant Cottenest les Chriqui dont les dérivés bien connus sont les Cherki, les Chriki et Chouraqui, en arabe l’oriental ou venu de l’Est.
On n’oubliera pas les Zagury ou Zagoury ou Azzagury et même Zagron ou Zagroun dont le nom vient de Zagora, une ville du sud du Maroc.
Mon clin d’œil marocain cette semaine ira à la cousine germaine de mon épouse, mon adorable Allègre Zagury, toujours rue Galilée à Casablanca, cette jolie ville que je connais bien.
Publié dans Actualité juive n°1626