Billet : Fidèle gardien de la Haggada
Par Alain Kaminski
Cette semaine de Pessah revêt une grande importance dans ce judaïsme du XXIème siècle qui peut nous unir comme nous diviser, ce judaïsme qui malgré lui et souvent avec tristesse dresse un mur entre les observants et les « laïcs » mais qui sait aussi construire avec amour des ponts entre les pratiquants et les « distants ».
Aussi simple que cela puisse nous paraître, c’est la table, le repas du seder qui nous rassemble et qui surtout nous rappelle notre appartenance au peuple juif quand nous célébrons en famille la fête de Pessah, ou à défaut par le souvenir de l’avoir célébrée jadis.
Ce soir-là, on oublie les belles-sœurs qui ne se parlent pas de l’année, les grands-mères quand elles demandent à leurs petits-enfants de se tenir tranquilles à table, les belles-mères coutumières de remontrances diverses et variées à l’endroit de leur gendre.
Ma nichtana halayla hazé mi kol haleylot ? En quoi cette nuit-là diffère-t-elle des autres nuits ?
La réponse est la célébration de la sortie des juifs d’Egypte, de l’esclavage, nous le savons tous.
Mais une autre réponse, virtuelle mais factuelle, s’avance au moment même où non nous posons cette question. Ce qui diffère c’est qu’en ce moment-là nous sommes tous « convoqués » en famille ou entre amis par un amour fraternel qui nous lie, une façon très XXIème siècle de vivre notre judaïsme, qu’on me l’accorde.
Frères, sœurs, ashkénazes et séfarades, foie haché à profusion ou fèves en quantité industrielle, nous sommes unis par une appartenance à un peuple, notre repas du seder est une tenue d’obligation, un engagement que nous avons pris, que l’on respecte tout au long de sa vie autant que faire se peut et se pourra.
Notre soir du Seder nous installe autour d’une table où les dithyrambes n’ont pas leur place, seule la lecture des textes nous guide par un rituel immuable depuis des millénaires, ancien et accepté, et son orateur, par la qualité de sa lecture, est ce soir-là le fidèle gardien de la Haggada.
Les enfants posent des questions, pourquoi les matzot ou ces herbes amères qui rappellent que l’exil est amer ou encore cet œuf qui représente l’offrande de fête que l’on faisait dans le Temple pour chacune d’entre elles, pourquoi l’agneau, pourquoi ce légume trempé dans de l’eau salée, pourquoi ce harosset, cette pâte qui nous rappelle le mortier qu’utilisaient nos ancêtres pour construire les villes pour les Egyptiens, et la parole circule librement autour de la table, autour de ce plateau traditionnel qui émerveille les grands comme les petits.
La famille est un édifice et en ce soir de Pessah, la sagesse préside à sa construction, laquelle n’est jamais terminée car les enseignements qu’elle porte se transmettent de génération en génération. C’est peut-être là qu’intervient la sortie d’Egypte car, aussi incroyable que cela puisse paraître, cette sortie d’Egypte avec ses dix plaies expliquées dans la Haggada est sans doute pour nos tout petits leur initiation au judaïsme. Magnifique.
Bonnes fêtes à tous ou plutôt Hag Sameah.
Encore Bravo, cher Alain, je me suis régalée en lisant ta dernière newsletter où je découvre à chaque fois des tas de choses !!!
!!!
Toutes les rubriques m’ont intéressée, en commençant par le billet d’humeur sur Pessah !!!
Et en plus, j’ai reçu la note de 10/10 pour le Yiddish Quizzzz !
Hag Sameah à toi, Annie et ta petite famille.
Bises