Les patronymes : Ozarow, juive et capitale intellectuelle
Par Alain Kaminski
Mon ami Henri Cukierman, cukier mais prononcez tsuker le sucre et man l’homme, ne cesse de me rappeler que la ville polonaise d’Ożarów, dont ses parents étaient originaires, était la capitale intellectuelle de la Pologne. Aussi, quand je traverse les rangées des carrés israélites du cimetière parisien de Bagneux, je marque un temps d’arrêt devant la sépulture collective des originaires d’Ożarów, cette ville qui comptait une importance communauté juive historique, exterminée dans l’horreur de Treblinka. Je découvre des noms qui sont à eux seuls des moments de nostalgie. Malka Kern, le noyau en yiddish, Maurice Mintz le vison, Hena Herszhorn la corne du cerf, Benjamin Leber le foie, Israël Degensztajn la jolie épée, Jukier Lerer le professeur.
Un peu plus loin, Samuel Bender le relieur, Maurice Fenighchtein la pièce de monnaie, Pascal Finder celui qui trouve, Bluma Gewercman l’artisan ou l’homme de l’atelier, Fayga Dichtwald la forêt épaisse, Brucha Goldgewicht le poids d’or, Chaja Guechpentz le fantôme, Laja Platek la pétale, Léa Welgryn la bien verte, Georges Garbarovitch le fils de la gerbe, Charles Uszerowicz le fils de Asher.
Ruchla Blajchman savait-elle qu’elle avait épousé un prince charmant dont le nom signifiait l’homme blafard ?
Ces noms sont tellement délicieux que leur signification me donne l’impression d’avoir connu personnellement chacun d’entre eux. Mon clin d’œil ira à nos très chers Marcel et Didier Bromberg, membres de l’Amicale d’Ożarów, qui aurait pu être comme d’autres Bromberger.
Bromberg fut le nom germanique, lorsqu’elle fut prussienne, de la ville actuellement polonaise de Bydgoszcz où vivait une très importance communauté juive, laquelle sera massivement déportée vers Treblinka.
Je crois bien avoir connu Henri Cukier,
Si tu en a l’occasion, demande le lui.
Amitiés,
Marc Klotz.