Billet : Et mon cœur n’attend que cela

Par Alain Kaminski


Que nous promet cette rentrée de septembre ? Allons, soyons optimistes et privilégions les rapports humains car ils sont notre richesse quand nous sommes à même de les entretenir.
Mais pour ce faire, faut-il encore savoir faire table rase sur les différends, malentendus et désaccords nourris souvent de balivernes et billevesées. Faut-il encore savoir faire abstraction de vécus liés à ce que d’aucuns appellent erreurs de jeunesse, inexpérience du moment ou avancée en âge.
Soyons tolérants et armons-nous d’outils que la vie nous propose à savoir se doter du sens de la mesure, ne jamais refuser un pas de côté, c’est en quelque sorte un travail sur soi-même pour lequel nous ne devons pas aspirer au repos.
Cette rentrée d’automne est bien sûr la proximité du nouvel an juif, synonyme de lait et de miel. Et si c’était l’occasion pour tous de se retrouver en famille, entre amis juifs ou non, entre voisins. Sachons le faire. Les plus grands chefs ne manquent-ils jamais de rappeler qu’il n’y a pas plus joli calumet de la paix qu’une belle table. Et si d’aventure l’inimitié d’une belle-mère demeure intacte, si le regard chafouin d’une belle-sœur est toujours au rendez-vous, si un neveu ou une nièce vous semblent peu entraînés à l’art de paraître, réchauffons nos cœurs. Si en face de vous un proche ne semble même plus maître de son répertoire, ne détestez pas sa partition, elle s’échouera d’elle-même dans l’insignifiance. Réchauffons nos cœurs et croyons en l’amélioration de chacun d’entre nous car il suffit de changer ce qui ne va pas en soi plutôt qu’attendre que le monde change autour de soi.
Je sais qu’à votre table il peut y avoir parfois celui qui arrive à s’émouvoir sans jamais ne rien ressentir. C’est vrai qu’à votre table il y aura parfois quelqu’un qui existera selon le roman qu’il s’inventera lui-même mais quand même, sachons réchauffer nos cœurs.
C’est vrai que certains abusent de leur existence sans jamais en être rassasiés et pour faire simple on dira qu’ils vous font une grosse tête. Mais ce sont les personnages de la vie, des pierres brutes insuffisamment dégrossies, ils vous enrichissent cependant même quand ils n’ont pas le tact de vous quitter voyant votre lassitude. Pour ma part, j’écoute tous mes voisins de table et mon cœur n’attend que cela. En cette rentrée de septembre, gageons que la lumière finisse immanquablement par chasser les ténèbres pour nous illuminer tous et que nos cœurs se rapprochent en même temps que nos mains.
Bonne année hébraïque à tous.