Billet : N’oublions pas nos proches
Par Alain Kaminski
La période des fêtes, Pessah, Roch Hachana, Kippour, est toujours pour moi un moment important de ma ‘’vie juive’’ même si nombreux sont ceux qui me reprochent toute l’année d’être un grand laïc… devant l’Eternel. C’est vrai, je ne suis pas très pratiquant tout au long de l’année, quelques shabbatot chez mon frère, plus observant que moi, et quelques-uns chez moi avec ma petite famille, mes petits-enfants qui me rappellent qu’ils sont mon bonheur absolu, ma richesse.
Je ne suis pas allé cette année en bas de chez moi en bord de Seine jeter des morceaux de pain pour me débarrasser de mes péchés comme je le fis l’an passé. J’en ai marre de m’attribuer des péchés que je n’ai pas commis, Dieu me fera confiance. Et ma belle-mère aussi. Quoique.
En revanche, je me suis rendu dès potron-minet la veille de Roch Hachana chez le boucher pour choisir la viande casher qui allait trôner sur la table le soir même chez ma fille, une magnifique épaule d’agneau, le vendeur m’a même dit que c’était glatt casher. Explication lui demandai-je. Moue d’inquiétude, mine embarrassée, il me répondit que… « c’était encore mieux que casher ». Et quel plaisir pris-je pour lui apporter mon éclairage, à lui l’apprenti boucher sans doute très débutant, moi le juif peu observant mais a minima sachant. Je me suis souvenu, grâce à mon défunt père, que glatt signifiait lisse en yiddish qui se dit par ailleurs halak en hébreu. Cela signifie que l’animal a subi un contrôle très pointilleux de ses organes, principalement les poumons, et que ceux-ci ne souffrent d’aucune infection, qu’ils ne laissent apparaître aucune grave cicatrice. Glatt casher, ce n’est pas un « casher plus » ou un casher hors-concours, ce n’est pas un casher compétitif et performant comme souhaitait me l’inculquer le commis boucher. Glatt, c’est tout simplement une observance des règles de la chrita, l’abattage rituel. Le repas de Roch Hachana chez ma fille était délicieux, une belle table traditionnelle avec, comme d’habitude, quelques mets d’entrée pour son père ashkénaze et d’autres pour sa mère séfarade, il en faut pour tous les goûts mais je vois poindre en cuisine chez elle une préférence séfarade, je crains que le Maroc ne tienne la corde en ce moment. Ou l’écho de ma belle-mère qui résonne depuis qu’elle m’a dit que la cuisine ashkénaze était toujours sans couleur aucune, que tout était gris, beige ou marron jusqu’au pied de veau en gelée qui était transparent. Sympa. Les fêtes sont désormais derrière nous et mon frère et moi avons appris que des amis très proches étaient restés seuls pour ces fêtes, seuls parce que célibataires, seuls parce que divorcés, seuls à cause d’une distance que les années ont installé dans les familles, seuls tout simplement parce leur téléphone n’a pas sonné pour Roch Hachana. Alors nous avons pris l’engagement de ne plus laisser seuls ces proches et que l’an prochain, autour d’une belle table, ils seront des nôtres tels des maillons d’une chaîne d’union, parfaitement soudés. L’an prochain, nous n’oublierons pas de rassembler ce qui est épars.
N’oublions jamais nos proches qui sont seuls pour Shabbes et les autres grandes fêtes !!!
Bel article, Cher Alain, toujours les mots.et plus que les mots pour t’exprimer, sans parler de l’humour toujours présent !!!
Bises et Git Shabbes
Betty
Voilà des mots pour le Dire. Ceux qui transforment les maux en mots. Ils nous rappellent la vertu de Fraternité.
Gratitude