Les patronymes : Les perles rares

Par Alain Kaminski

Je pense souvent à ces personnes que j’ai bien connues et qui portent des patronymes peu courants, chez les ashkénazes comme chez les séfarades.
Les germanistes reconnaîtront les Taube ou Taub, en yiddish Toybé, la colombe, à ne pas confondre avec les Turteltaub parfois Turkeltaub, la tourterelle. Plus rarement les si jolis Nachtigal, le rossignol. J’ai bien connu madame Fink, le pinson, mais parfois ce qui brille Finkel, sans oublier en polonais mon cher Benjamin Wróbel, le moineau.
Encore moins courants chez les séfarades Outmezguine que l’on retrouve parfois en Etmezguine ou Tmizguine, ils nous viennent d’une tribu berbère installée au sud du Haut-Atlas marocain. Mais Outmezguit, bien plus rare, vient de la vallée du Draa au Maroc, tamazgida signifiant mosquée en berbère. Autre patronyme d’origine berbère, Mesguich ou Mesghiche, on se rapproche du désert algérien. Mais j’ai croisé en Israël un Outgourgouche qui m’a appris que ses grands-parents venaient d’un village berbère dans la région de l’oued Sous dans le sud marocain. Dans ce même sud marocain, avec dix millions de locuteurs, la langue berbère des Chleuhs est le tachelhit et une gazelle se dit azenkad, ce qui nous a donné les Azancot.
Au XIXème siècle, c’est le docteur Elyaou Outmezguine, originaire de Mogador au Maroc, réputé pour ses connaissances des plantes médicinales, qui était le médecin du sultan Moulay Sliman. A la même époque, David Azancot était interprète au Consulat de France à Tanger. Fournisseur de la marine française, il était aussi l’ami d’Alexandre Dumas et d’Eugène Delacroix.