Le billet : Les otages oubliés par l’Europe

Par Alain Kaminski

Les élections européennes approchent. Visiblement elles n’intéresseront pas grand monde. La communauté juive de France qui fait face à un antisémitisme décomplexé et toléré par le monde politique en général et la justice en particulier observera les campagnes électorales avec une attention particulière. Les âmes se vendront comme des petits pains, les plats de lentilles sont déjà prêts. Les mêmes candidats pourront faire campagne le lundi pour soutenir les agriculteurs, le mardi pour le droit des femmes, le mercredi contre le réchauffement climatique, et ainsi de suite tout au long de la semaine. Mais pour certains, décrocher la timbale ne se fera qu’en crachant sa haine d’Israël, ce sera le cas des candidats d’une liste dont on oublie la signification de son sigle, si la voyelle signifie insoumis ou islamiste. Certains candidats seront prêts à tout pour conserver leur siège ou le conquérir. Il en ira de même pour certains recalés, entrés en cours de route par suite du rééquilibrage dû au Brexit.Pour ma part je me sens une envie d’aller à la pêche le jour de ce scrutin car visualiser ces manifestations antisémites dans ces grandes capitales européennes, c’est à se demander où est, et où va l’Europe. C’est à se demander si nous sommes en 2024 ou une centaine d’années auparavant. En France les mezouzot disparaissent des chambranles comme certains patronymes des boîtes aux lettres au profit d’initiales, de noms de naissance ou maritaux moins significatifs. Les médias continuent de nourrir des débats sur le Proche-Orient avec des invités qui n’y ont jamais mis la moitié d’un orteil, ni en Israël ni ailleurs dans la région. La quantité industrielle de professeurs à Science-Po ne s’indigne toujours pas de voir cette grande école sombrer dans un antisémitisme rampant qui devrait susciter les pires inquiétudes. En attendant, j’attends qu’un candidat à ces tristes élections européennes nous parle des otages, de ces malheureux dont on ne sait même pas s’ils sont encore en vie. Force est de constater que ce moment n’est pas encore arrivé.