Portrait : Michel Roszewitch (1947-2024)
Par Alain Kaminski
Michel était né le 11 septembre 1947 à Paris XIXème. Il était le fils d’Esther née Cohen, d’origine turque, et de Simon Roszewitch qui fut administrateur des AIF, et le petit-fils de Litman Roszewitch, venu de Pologne, un des dix cofondateurs des AIF en 1930. Les Amis Israélites de France, c’était sa famille, son attachement, son existence mémorielle. Michel fit ses études secondaires au lycée Colbert à Paris, studieux, Mathélèm, bac avec mention. Puis il intègre les facs, Panthéon Sorbonne Paris 1, Dauphine, il en sort avec une maîtrise d’économie et de gestion. Mais ses études ne s’arrêteront pas là car il a une autre passion, il sera aussi ingénieur en informatique. Les entreprises se l’arrachent, ingénieur d’étude chez Renault à ses débuts puis expert software, hardware et logiciels en tous genres sont son jardin secret, il mettra son savoir et son expérience au service de grands groupes et bien plus tard au ministère de la Justice puisqu’il fut conseiller du CGLPL, le contrôleur général des lieux de privation de liberté.
(Michel en 1970)
Une vie émaillée d’épreuves
De son premier mariage naîtront Stéphane qui lui donnera deux petits-enfants, Gaspar et Ninon puis naîtra Vanessa. Après son divorce, il épousera en 1993 Claude Cordier, elle-même maman de deux enfants issus d’une première union, Damien et Zelda, qui auront beaucoup d’affection pour Michel, et réciproquement. Mais la vie réservera des épreuves à Michel, celles que bien des gens ne surmontent jamais. L’indicible, peut-être l’infranchissable. Vanessa était d’une santé fragile, une pathologie menaçait son petit cœur depuis quelques années. Dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier 2003, Vanessa rend son dernier soupir à l’âge de 22 ans. Dix ans plus tard, Stéphane quitte ce monde en 2014 à l’âge de 41 ans. Michel est dévasté comme peut l’être un père qui a perdu ses deux enfants. Claude son épouse, Damien et Zelda seront là pour le soutenir. Les amis, sa volonté, sa force, et sa vie qu’il mettra au service des autres aideront Michel à surmonter ces épreuves.
(Michel Roszewitch en 1985)
Jusqu’au bout du monde
Avec Claude, Michel se déplacera chaque année pendant plus de vingt ans à des milliers de kilomètres, au Népal. Il y trouvera un autre monde et s’y attachera, l’accueil qu’il recevra l’aidera à se reconstruire. Il prend en charge des enfants orphelins, il finance leur éducation et plus tard leurs études. Il se rapproche de l’AET, l’Aide à l’Enfance Tibétaine. D’abord Tenzin qui n’avait que 8 ans, petit Népalais d’origine tibétaine puis Tema et Nawang, plus jeunes encore, orphelins réfugiés du Tibet. Ces trois enfants ont aujourd’hui une vie agréable, ils ont fait de bonnes études grâce à Michel et son épouse.
(Michel au Népal)
La vie associative, Michel est au service des autres
Michel et les Amis israélites de France, cette société de secours mutuels fait partie intégrante de la famille Roszewitch depuis bientôt un siècle. Il n’a jamais baissé les bras quand il s’agissait d’apporter son aide. Présent chaque année au cimetière parisien de Bagneux pour commémorer nos chers disparus, pour réciter les noms des sociétaires déportés, il avait aussi honoré la demande de son père qui avait souhaité que Michel soit le porte-drapeau des AIF. Aussi l’informaticien n’a pas compté ses heures pour installer le matériel informatique, créer les fichiers Excel, et participer à la création de la newsletter mensuelle qui est aujourd’hui le lien indispensable entre les sociétaires, cette lettre qui dynamise la mutuelle. Par ailleurs, Michel n’a pas abandonné une autre institution qui faisait partie de sa vie, la BAI, la Bibliothèque des Amis de l’Instruction, fondée en 1861 à Paris, première bibliothèque populaire, riche de plus de 20 000 ouvrages du XIXème siècle. Il y a organisé moult conférences recevant des chercheurs, des philosophes, des académiciens et d’autres personnalités. Il fut président de la BAI de nombreuses années jusqu’en décembre 2023.
(Michel en train d’installer un ordinateur pour les AIF)
Attaché à ses origines
Son attachement au judaïsme libéral s’est concrétisé lorsqu’il devint administrateur de JEM, Judaïsme en Mouvement, lié aux synagogues Copernic et Beaugrenelle. Michel, dont le grand-père maternel venu de Turquie est mort en déportation, fut profondément attaché au devoir de mémoire. Avec d’autres sociétaires des Amis israélites de France, quelquefois avec son frère Gérard, il s’est rendu successivement à Varsovie, à Budapest, à Thessalonique, à Vilnius, à Riga, sur les lieux de mémoire de la Shoah. Michel Roszewitch était un homme exceptionnel, sa gentillesse, sa simplicité, sa sincérité font que nous pouvons nous honorer de l’avoir connu. Pour certains, le bonheur d’avoir été son ami.
Michel nous a quittés le 28 juillet 2024 à l’âge de 76 ans des suites d‘une longue maladie. De mémoire bénie, qu’il repose en paix.
Hommage rendu à Michel par son frère Gérard lors des obsèques au cimetière parisien de Bagneux
Cher(e)s ami(e)s, cher(e)s membres de la famille, Nous sommes réunis aujourd’hui pour rendre hommage à Michel, un frère, un père, un grande père, un cousin ou un ami.
Un homme dont la vie a été marquée à la fois par des moments de grande sérénité et par des épreuves profondes. Malgré la chance d’avoir vécu dans un contexte de paix, Michel n’a pas été épargné par les épreuves personnelles. Il a traversé l’épreuve la plus difficile qu’un parent puisse endurer : la perte de ses enfants. La disparition de Vanessa, puis de Stéphane, a laissé en lui des cicatrices profondes et durables. Ces tragédies personnelles, d’une intensité émotionnelle inimaginable, auraient pu anéantir n’importe qui, mais Michel a trouvé en lui la force de continuer, de se reconstruire et de retrouver des raisons de sourire. L’existence de Michel est un mélange complexe de paix et de tragédie. Il a su profiter des fruits de la paix tout en affrontant les grandes douleurs que la vie peut infliger. Sa capacité à surmonter ces épreuves avec une dignité et une résilience exemplaires est un témoignage de sa force intérieure. En célébrant la vie de Michel aujourd’hui, nous rendons hommage non seulement à l’homme qui a su vivre en paix, mais aussi à celui qui a su transcender les grandes douleurs de la vie. Michel nous laisse un héritage de courage et de dignité, un exemple inspirant de la capacité humaine à surmonter les épreuves les plus difficiles.
Michel était plus qu’un frère pour moi. Il était un compagnon de vie, un confident et un pilier sur lequel j’ai souvent pu m’appuyer. Son influence et son soutien inconditionnel ont été constants tout au long de ma vie. Je suis profondément reconnaissant d’avoir eu un frère comme lui.
Michel, ton parcours nous rappelle que la vie, malgré ses épreuves, vaut la peine d’être vécue avec courage et détermination. Tu nous as montré qu’il est possible de trouver de la joie et de la paix même après les moments les plus douloureux. En ce jour de deuil, nous nous souvenons de toi avec amour et admiration. Que ton âme repose en paix, cher frère.
Ta mémoire restera à jamais vivante dans nos cœurs, et ton exemple continuera à nous inspirer.
Adieu, Michel.
Merci.
Album de famille
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