Billet : Un choix rassurant

Par Alain Kaminski

Un  peu déçu mais tellement rassuré. Cette fois-ci on a bien un premier ministre, la composition du gouvernement ne saurait tarder, ça doit grenouiller de toutes parts, louvoyer sans compter. Loin de moi l’idée d’aborder toute démarche politique, le sujet est toujours fâcheux.
J’ai le plus grand respect pour Michel Barnier et je m’empresse, aussi paradoxal que pourrait être mon propos, de dire que je suis déçu mais tellement rassuré.
Déçu, pour pas grand-chose me direz-vous, mais je reste surpris de la désignation d’un homme entré en politique dès l’adolescence, déjà élu à 22 ans, député peu de temps après, puis sénateur, député européen, commissaire européen, plusieurs fois ministre, bref un homme qui n’a jamais connu ni de près ni de loin le monde du travail, qu’il l’a sans doute aperçu comme moi j’ai aperçu les îles Galapagos. Le style est un peu américain, le septuagénaire semble porter beau malgré ses vestes trop petites aux manches trop courtes mais il se relookera rapidement pendant que ses adversaires lui tailleront un « costard sur mesure ».
Sa désignation, liée à son statut d’homme qui n’a pas trop d’ennemis, laisse quand même imaginer une mission difficile et nous ne sommes pas à l’abri d’une situation politique chaotique. Mais l’homme ne se laissera guère influencer, il a au cours de sa longue carrière politique su faire montre qu’il ne se voulait point maître de la volte et de la virevolte. Et sa désignation me rassure pleinement car réelle fut ma crainte de voir l’égérie de Monsieur Mélenchon devenir Première Ministre ou éventuellement une personne de substitution qui n’aurait fait que reprendre son programme. L’énarque en question, qui s’est mise en disponibilité pour recevoir sa sportule d’ailleurs mais la France est bien bonne et le contribuable encore plus, a déclaré que l’antisémitisme grandissant en France n’était pas un sujet. En même temps, son mentor déclarait que l’incendie de la synagogue de la Grande Motte était… une atteinte à la laïcité. A vomir quand même. Elle a sillonné la France avec posture comme si elle était déjà à la tête du gouvernement et s’est adressée aux français sans aucune légitimité.
Finalement, elle aura donné du splendide à son échec en sachant que sa victoire n’était qu’un mirage.
Ses amis politiques acceptent un antisémitisme violent après l’avoir décomplexé, ils cherchent à le « légaliser » en l’installant sur la voie publique. Ses amis ont importé en France le conflit israélo-palestinien jusque dans l’hémicycle. Ils vont désormais chercher les 400 000 voix qu’ils leur manquaient aux dernières élections présidentielles pour arriver au second tour chez les ados des quartiers populaires qui seront majeurs en 2027. Pathétique, pitoyable, lamentable et dangereux.
Quant à l’extrême-droite dont on ne connaît pas vraiment les projets ni les dirigeants à part quelques personnalités médiatiques, un blanc-seing me paraît impensable.
Finalement, le Barnier nouveau nous réservera peut-être des surprises, en attendant il nous permet d’éviter le pire et c’est déjà ça.
Je suis donc rassuré et j’espère qu’il saura, pendant que son supérieur hiérarchique siège au banc de l’éloquence, tenir le burin.