Musique : La Fabuleuse histoire de Michel Jonasz
Par Dany Sebon
J’ai toujours eu une profonde admiration pour Michel Jonasz et mon propos n’a pas pour ambition de me livrer à une biographie de l’artiste que vous pourrez trouver chez votre libraire ou sur internet.
Loin de moi est l’idée de revenir sur tout ce qui a été dit ou écrit sur cet immense artiste mais plutôt de vous faire part de mon ressenti face à cet interprète unique en son genre.
Alors voici pourquoi j’aime, j’ai aimé et j’aimerai toujours Michel Jonasz, et comme le musicien démarre une grande tournée en janvier, c’est vraiment le moment de rappeler le grand créateur qu’est Michel Jonasz.
Michel Jonasz est un artiste protéiforme dans toute l’acceptation du terme, dont l’activité principale se situe au niveau de la variété française dans le cadre des chanteurs, auteurs compositeurs, interprètes dont il est un des plus beaux fleurons.
Par ailleurs, il excelle également et par intermittence au cinéma, à la télévision, assez souvent dans des seconds rôles, ou au théâtre. En outre, il convient de préciser qu’à mon sens il occupe aussi une place de tout premier ordre dans cette dernière discipline.
Pour ce qui est de sa filmographie au cinéma, on retrouve l’acteur en professeur de musique dans Au bout des doigts en 2018, mais surtout dans son film le plus emblématique Le tango des Rashevski de Sam Garbarski en 2003, avec un rôle qui lui collait parfaitement à la peau, je dirai sur mesure.
Ses interprétations respectives eurent un franc succès et lui permirent d’avoir un certain crédit auprès des réalisateurs et auteurs au cinéma comme au théâtre.
Sans oublier bien entendu le magnifique rôle qu’il tenait dans le film d’Élie Chouraqui en 1981, Qu’est-ce qui fait courir David ? aux côtés de Francis Huster et de Charles Aznavour.
Il tourna aussi en 1988 un très bon film, Le testament d’un poète juif assassiné, de Franck Carsenti d’après le roman d’Elie Wiesel.
Concernant ses collaborations théâtrales, Michel Jonasz fut à l’affiche de différentes pièces en tant qu’acteur ou comme auteur, metteur en scène mais aussi acteur principal.
Je ferai référence bien entendu à son œuvre « phare» au théâtre, sa pièce Abraham retraçant l’histoire de son grand-père, avançant ses origines juives ashkénazes qui l’ont tellement influencé et profondément marqué tout au long de sa vie.
Cette pièce aura été un tournant important dans la carrière de Michel Jonasz, en tout cas, celle qui lui ressemblait le plus et fut inhérente à son existence et elle fut probablement autobiographique.
Ayant assisté récemment à la représentation de la pièce de théâtre La famille de Samuel Benchetrit, au Théâtre Edouard VII, dotée d’ une prestigieuse affiche où figurait entre autres, Michel Jonasz, je confirme que la bonne réputation dont bénéficia Jonasz n’était pas usurpée.
L’acteur fit montre une fois de plus de ses capacités de comédien et de l’étendue de son talent, son jeu ici fut tout en retenue et empreint d’une certaine bienveillance. On ne peut pas dire que c’était sa meilleure participation ni son rôle le plus marquant en tant qu’acteur, cependant le comédien y dégageait une forte présence et de plus avec un côté débonnaire du meilleur goût.
Michel Jonasz représente le lien parfait entre le cinéma et la chanson car l’artiste vit la musique sur scène, avec fièvre au travers de paroles remplies de beaucoup d’émotion et ce, me semble-t-il, de manière cinématographique.
Ces liens avec le cinéma ont commencé dans les années 1980 lorsqu’il composa la musique du film Clara et les chics types, puis quelques temps plus tard avec sa composition du générique cinéma de la nouvelle chaîne de télé Canal plus.
Revenons donc à l’activité principale de Michel Jonasz, son terrain de jeu favori, c’est-à-dire la chanson et par extension la scène musicale sur laquelle il a toujours triomphé.
Avec une bonne trentaine d’albums à son actif, le chanteur a prouvé par cette discographie pléthorique qu’il était capable et doué pour composer des chansons qui furent très souvent des succès populaires, et rien que pour cela on ne peut qu’être respectueux et admiratif de son œuvre dans son ensemble.
Michel Jonasz dispose d’une grande richesse vocale qui se traduit par l’interprétation très imagée de ses œuvres, comme le furent jadis et toutes proportions gardées, Serge Reggiani, Charles Aznavour voire Jacques Brel durant leurs prestations scéniques.
Ces artistes firent d’ailleurs aussi des petites carrières cinématographiques parallèlement à leur présence importante dans la chanson française, ceci explique cela.
Le répertoire de Michel Jonasz reste particulièrement riche, il est de surcroît très éclectique, passant par le jazz ou le blues, cependant j’aurai tendance à préférer ses chansons romantiques ou mélancoliques et néanmoins très fortes, elles peuvent se qualifier de « tristes » mais on y ressent davantage une tristesse constructive.
Je vous recommande d’écouter le titre Une prière, dans sa version live sur l’album La fabuleuse histoire de Mister Swing, datant de 1988. Ce fut d’ailleurs à l’époque une comédie musicale à un seul personnage qui restera plus de trois mois à l’affiche du Casino de Paris avant de partir en tournée.
Suite à cela, Michel Jonasz fut le seul artiste français à participer au concert d’Amnesty Intenational aux côtés de Peter Gabriel, Sting, ou Bruce Springsteen.
Je vous fais grâce de ne pas tomber dans les clichés liés au chanteur, en évoquant les tubes de Jonasz qu’ont été, entre autres, Super nana, La boite de jazz, Dites-moi, Du slow, en vla ou Joueur de blues, qui sont tout-à-fait représentatifs du chanteur, ces chansons remarquables ont bercé plusieurs générations et sont entrées à présent dans la mémoire collective.
Avec son hit Dites-moi (1974), dont le refrain d’anthologie raconte Dites-moi qu’elle est partie pour un autre que moi mais pas à cause de moi, Jonasz a écrit ici des paroles clefs, posant ainsi les fondations de situations sentimentales qui ont été souvent vécues par bon nombre de personnes.
Mais bien que ces chansons fussent très commerciales mais néanmoins de grande valeur, elles n’ont pas à mon sens le relief et l’authenticité des compositions mélancoliques, plus représentatives de l’auteur.
De ce fait, je pense qu’une de ses plus belles chansons, en réalité une de ses compositions les plus personnelles fut Les Vacances au bord de la mer, dans laquelle on sent encore le côté vécu et le charisme hyper touchant de ce chanteur dont la fibre émotionnelle n’est plus à prouver.
L’interprétation de cette chanson peut se considérer comme un mini-film tellement l’ambiance et le propos réaliste confèrent à cette composition un caractère cinématographique dans leur interprétation.
Dans la mouvance il y a bien sûr le morceau Je voulais te dire que je t’attends (1976), l’archétype de la chanson romantique par excellence, et qui fut encore une composition issue d’un amour blessé.
Il est vrai que cet avis est totalement subjectif mais je vous recommande chaudement un de mes titres préférés de Jonasz, Guigui, tiré de l’album éponyme en 1978, ce titre contient toute la puissance émotionnelle de l’auteur, laissant librement s’exprimer ses racines musicales dans un esprit klezmer.
J’ai beaucoup aimé, une fois de plus, le titre plutôt nostalgique J’taimais tellement fort que j’t’aime encore (1981), qui ne pouvait que figurer dans mes ” chansons de chevet “.
Et pour clore ce panel constituant mes morceaux favoris de ce musicien incontournable, je tenais à évoquer l’album La fabuleuse histoire de Mister Swing, enregistré à La Cigale en 1988, mes préférences vont vers Une Prière, Poussy, Si le ciel, et C’est la nuit, ces quatre magnifiques chansons sont ici magnifiées et forment ainsi la parfaite synthèse entre la mélancolie de l’auteur et son immense talent de compositeur.

Sachez qu’il entame également au printemps prochain une grande tournée hexagonale, et en Belgique car bien qu’ayant soixante-dix-sept ans, il demeure infatigable et surtout loin d’être blasé.
Cette tournée fait suite à la précédente qui se nommait Réunis vers l’uni, référence à son album du même nom, renouant ainsi avec le blues et le jazz qui furent ses premières amours.
Pour cela il sera rejoint sur scène par deux musiciens de haut rang qui ont souvent fait partie de son line up, ces deux prestigieux musiciens Manu Katché à la batterie et Yves d’Angelo aux claviers, donnant encore plus d’ampleur à une musique qui n’en manquait guère.
Ce futur show sera un savant mélange de Soul et de RnB, le trio recomposé reviendra donc sur scène pour revisiter des morceaux emblématiques de Michel Jonasz en y incluant quelques surprises.
Voici donc ce qui devait être précisé pour cette Fabuleuse histoire de Mister Swing qui, sans être autobiographique, s’applique parfaitement au fabuleux Michel Jonasz.