Musique : Cohen et Dylan, deux poètes musiciens

Par Dany Sebon

Il était une fois dans l’ouest américain l’histoire de deux artistes emblématiques qui furent représentatifs d’un mouvement musical à forte consonance poétique.
On a souvent comparé Léonard Cohen, le chanteur venant du Canada avec son homologue américain Bob Dylan, et ce à juste titre, car ils furent tous deux auteurs compositeurs interprètes et chantaient leur propre répertoire en anglais évidement.
Ils avaient tous les deux un énorme point commun situé au niveau des textes le plus souvent empreints de thèmes poétiques.
Ils avaient aussi un autre lien, étaient tous deux d’origine juive ashkénaze. On peut imaginer que la souffrance subie par leurs aînés a favorisé la création d’œuvres musicales teintées quelques fois d’une grande amertume et d’une certaine tristesse.
Et pourtant, ils ne se sont jamais vraiment rencontrés durant toutes ces années exceptionnelles que furent les années soixante et soixante-dix.
Mais leurs liens avec le judaïsme furent cependant assez lointains. Ils se sentaient plutôt attirés par le christianisme auquel ils empruntèrent certaines valeurs, Dylan s’étant même converti à cette religion.
Cependant, Léonard Cohen eut des réminiscences envers le judaïsme en se rendant en Israël en 1973 durant la guerre de Kippour.
Armé de sa seule guitare, l’illustre chanteur voulut aider moralement les soldats au combat sur le terrain. L’anticonformisme de ces deux prestigieux artistes était très certainement dû à leur esprit rebelle et dans la mouvance de leurs style musical assez contestataire, dans l’ensemble.
Ils évoluèrent tous deux dans un registre assez dépouillé, folk/rock pour Dylan et chansons assez tendres et mélodiques pour Cohen.
Ce dernier a représenté une figure majeure et singulière dans la musique, à la croisée de la poésie, de la spiritualité et de la mélancolie.

Dylan quant à lui était très politisé au début de sa carrière, il prouva ensuite qu’il pouvait délivrer d’autres messages poétiques par le biais de chansons plus tendres et tout autant engagées.
Avant d’être chanteur, Leonard Cohen se voulait poète et romancier. Ses musiques furent profondément littéraires. Ses textes abordent des thèmes universels comme l’amour, la solitude, la foi, la mort, le doute, et toujours avec une grande humilité, 
Son univers musical fut conçu de manière minimaliste, sa voix grave était presque parlée. Cohen a imposé un style musical sobre, lent et méditatif, loin des modes et des tendances du moment. Il se pencha aussi dans une période de sa vie vers le bouddhisme zen, Cohen a souvent mêlé les symboles religieux dans ses textes, cherchant le sacré dans la création de ses œuvres.
Dylan quant à lui semblait plus axé sur le rock et plus précisément sur la musique folk rock dont il était et reste sans doute un des plus beaux fleurons jusqu’à obtenir en 2016 le prix Nobel de littérature pour avoir créé des expressions poétiques dans la nouvelle chanson américaine.
L’artiste canadien lui n’a jamais cherché à flatter ou séduire, il a chanté la vérité nue, les failles humaines, l’ambivalence de l’amour, la fragilité de l’existence.
En résumé, Léonard Cohen fut un passerelle entre poésie et musique, entre ombre et lumière, toujours avec élégance et sincérité.
Aussi, la musique et les textes poétiques de Léonard Cohen se voulaient tout comme Dylan les porte-parole d’une jeunesse issue des années soixante-dix cherchant sa voix par le biais de chansons engagées et souvent contestataires.
Cohen a su au fil des années se démarquer des autres chanteurs à texte par sa personnalité et son chant lancinant, mais portant un message sur chaque chanson fussent-elles anodines.
Bob Dylan, lui, a su durant toute sa carrière drainer les foules au cours de concerts toujours prisés par un public d’afficionados pour ce qui constitue une part importante de leurs parcours artistique, en l’occurrence la scène. On retrouvera Léonard Cohen lors d’un concert mythique sur l’île de Wight en 70. Il joua juste après un emblème du rock en la personne de Jimi Hendrix.
Si l’on doit retenir deux chansons de Dylan ce serait certainement Blowin’in the wind et The times they are a changing.
Pour Cohen se sera évidemment The Partisan et Dance me to the end of love.

La disparition de Leonard Cohen en 2014 aura laissé un grand vide dans le paysage musical anglo-saxon, ses chansons restent éternelles, elles racontent des histoires très riches baignées d’images plus allégoriques et métaphoriques. Encore eut-il fallu peu ou prou maîtriser l’anglais pour discerner bon nombre de subtilités.
Finalement, ces deux immenses artistes chantaient la paix et le rapprochement entre les peuples. Les nouvelles générations pourront puiser dans leur répertoire respectif qui contient des trésors gravés au panthéon de la musique contemporaine.