Champ libre : Chronique des temps heureux

Par Alain Kaminski

Qu’est-ce que le vécu ? Ce que l’on a pu vivre ou ce que l’on vit encore ? Cette question m’offre la réponse et le devoir de présenter un organisme à vocation sociale hors du commun, l’ADIAM.
Je me souviens de ce 17 janvier 2025, je faisais hospitaliser en urgence ma vielle maman en état de déshydratation avancée, extrêmement diminuée physiquement et déjà désireuse de rejoindre mon défunt père au cimetière parisien de Bagneux. L’hôpital n’en voulait pas ou si peu, je ne savais plus à quel « messie » me vouer. Alors je me suis souvenu d’un entretien professionnel teinté d’humanité que j’avais eu vingt ans auparavant lorsque je fus administrateur de la Sécurité sociale. Ce fut avec Betty Elkaïm, une femme d’une efficacité rare, une femme d’exception entourée d’une équipe hors du commun.
Quelques jours plus tard, une armée mexicaine d’assistantes sociales, de psychologues, d’ergothérapeutes, d’agents administratifs investissait ce triste couloir d’hôpital pour se rendre au chevet de ma vieille maman qui agonisait dans ce service de gériatrie aigüe. Cette armée de l’ADIAM évaluait son état de santé, s’entretenait avec elle pour envisager un retour à domicile avec les prises en charge nécessaires et le volet ADIAM Solidarité en lien avec la Claim’s Conférence pour les rescapés de la Shoah. Ce bataillon de l’ADIAM était en train de redonner le goût de la vie à ma vielle maman quand l’hôpital semblait attendre son dernier soupir.
Début février, l’ADIAM visite son appartement, prépare les conditions de son retour, gère le volet administratif, s’occupe de tout, la reviviscence s’installe. L’ADIAM, autrefois Aide aux israélites âgés et malades, aujourd’hui Service d’Aide et de Soins à domicile, c’est pour les départements 75 ,92 93,94 un service pour 4000 usagers et 600 professionnels sur le terrain. C’est 55 ans d’existence au service des personnes âgées, des plus fragiles, des plus vulnérables. Je ne citerai pas tous les intervenants de l’ADIAM au risque d’en oublier mais mon témoignage se veut reconnaissance et gratitude.
Aujourd’hui ma vieille maman reçoit chez elle ses enfants, ses petits-enfants, ses onze arrière-petits-enfants. Un ballet d’auxiliaires de vie, d’aides-soignantes, d’infirmières qui se croisent et l’entourent, un ballet qui la réconforte et nous rassure, elle qui avait perdu l’usage de ses jambes à l’hôpital mais qui, chez elle, a quitté le fauteuil roulant pour le déambulateur, une autonomie retrouvée, non pas à Lourdes mais à Paris.

Regina Kaminski entourée de ses deux fils Michel et Alain

Tout est magnifique et en mai dernier, elle soufflait ses 102 bougies avec ses deux fils déjà septuagénaires et ses petits-enfants. Quant à la récente canicule, une auxiliaire de vie a eu un coup de chaud, mais c’est ma vieille maman qui était auprès d’elle.
C’est vrai qu’à 102 ans, l’arithmétique n’est plus sa préoccupation première puisqu’elle a laissé sur son gâteau d’anniversaire le zéro entre le 1 et le 2 alors qu’on voulût qu’elle le mît après le 2 pour lire… 120 ans.
Puisqu’on sait qu’avec l’ADIAM elle y arrivera.