Les patronymes : A la baguette !
Par Alain Kaminski
Qui n’a pas croisé en Algérie, en Tunisie, au Maroc et en France bien sûr un bien nommé Charbit ? Parfois Cherbit, parfois Cherbet ou plus rarement Cherbete, ce nom signifie un sceptre, ce bâton de commandement, signe d’autorité suprême tel le sceptre d’un monarque, symbole de pouvoir et de puissance. C’est à la faveur d’une rencontre ces derniers jours avec Denis Charbit, éminent professeur de sociologie et de sciences politiques, homme délicieux par ailleurs, que j’ai appris que Charvît, le beth hébraïque se prononçant ici veth, servait pour désigner en hébreu moderne la baguette du chef d’orchestre. Et puisque nous sommes dans le pouvoir, la puissance, dirigeons-nous tout en restant sur les bords de la Méditerranée vers les Ghidalia de l’hébreu Gdaliah, le gouverneur de Judée, et étymologiquement que Dieu élève où l’on retrouve la racine gadol, grand, legadel, élever. Les Gdalia sont souvent Guedalia, Ghidalia, Guidalia ou Ghidaglia à l’italienne chez mes amis tunisiens. En Europe de l’Est, certains ashkénazes se prénommaient aussi Guédalé.
Ces noms sont des véritables petits bijoux mais en Afrique du Nord les bijoutiers n’ont-ils pas leur nom qui désignent leur métier : Sayag, Assayag, Essayag, de l’arabe sayyâg, l’orfèvre à ne pas confondre bien sûr avec Assabag ou Essebag ou plus simplement Sebag de l’arabe sabbâgh qui lui est le teinturier.
C’est au XVIIIème siècle que le rabbin Itzhak ben Abraham Sebag, originaire de Meknès comme de nombreux rabbins au Maroc, écrivit le recueil Chir Yedidout, le Chant de l’Amitié.
Mon clin d’œil ira à mon cher Yaïr Benaim, professeur au Conservatoire et magnifique chef d’orchestre, je l’ai vu souvent tenir… le charvît.
Edifiant ! Marci